Pandémie : non à la triple peine pour les travailleurs !18/11/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/11/2729.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pandémie : non à la triple peine pour les travailleurs !

Au nom de la guerre sanitaire, le gouvernement impose de lourds sacrifices à la population. En encadrant tous les aspects de la vie sociale, il restreint les contacts familiaux, il interdit de fait les moments de convivialité et fait pleuvoir les amendes, 90 000 sur ces quinze derniers jours.

À côté de cela, il faut aller travailler, quand bien même les métros et les bus sont bondés, et nombre d’entreprises sont devenues des clusters.

À l’usine Toyota d’Onnaing, au moins 101 ouvriers ont été contaminés au mois d’octobre, conduisant l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France à classer l’usine comme cluster Covid. La direction a refusé de reconnaître ce classement par l’ARS, expliquant avoir ses propres règles pour définir un cluster. Après avoir tenté de culpabiliser les ouvriers, elle leur a demandé de venir travailler des samedis et dimanches supplémentaires, ainsi que la nuit du 11 novembre, à 1 500 par équipe. Mais, attention, elle a réactivé le plan Vigipirate, avec vigiles aux portes, comme s’ils pouvaient empêcher l’entrée du virus !

Tous les médias ont dénoncé la fête qui a réuni 300 personnes dans un pavillon de Joinville-le-Pont samedi 14 novembre. Mais qui parlera de ces usines qui sont de véritables nids à Covid et qui attestent de l’irresponsabilité patronale ?

Dans de nombreuses entreprises, le fossé entre le protocole sanitaire affiché et la réalité du travail n’a cessé de se creuser depuis juin. À l’usine Renault de Flins, des dizaines de cas sont recensés chaque semaine par les travailleurs. Comment s’en étonner ? Sur les lignes de montage, la distanciation physique n’est pas respectée parce que les opérations nécessitent de travailler à plusieurs, en même temps ou successivement, dans chaque voiture. Mais y-a-t-il plus de personnel pour désinfecter les postes ? Les cadences ont-elles baissé pour gérer au mieux la situation ? Y a-t-il plus de pauses pour soulager les ouvriers forcés de porter le masque ? Bien sûr que non !

Alors que le gouvernement répète qu’il faut s’isoler quand on est positif et se faire tester lorsque l’on est cas contact, combien de directeurs d’usine minimisent ou cachent les cas avérés de Covid, pour que les postes soient tenus, malgré le sous-effectif permanent ? Combien font pression sur les salariés vulnérables, voire sur ceux qui ont été testés positifs, pour qu’ils ne se mettent pas en arrêt ? Aujourd’hui, la loi autorise les tests rapides dans les infirmeries de la médecine du travail pour des salariés volontaires et sous couvert d’anonymat. Combien d’entreprises s’en sont saisies ?

Dans les bureaux, des salariés qui pourraient et voudraient être en télétravail sont priés d’être présents. Qu’a fait la ministre du travail ? Elle a répété que « le télétravail n’était pas une option », en se contentant de froncer les sourcils.

Les leçons de morale sanitaire, les contraintes, contrôles et amendes s’arrêtent aux portes des entreprises. À l’intérieur, c’est le règne du patronat et le seul protocole qui fait loi est celui des profits. Toute mesure sanitaire susceptible de ralentir les cadences et la production est rejetée.

La dictature patronale est un vecteur important de la propagation du virus, le gouvernement et les autorités sanitaires le savent bien; mais ils n’y feront rien. Fidèle à lui-même, Macron gère la crise sanitaire en fonction des intérêts du grand patronat, et seulement du plus grand. En fermant les commerces dits non essentiels, il montre qu’il est prêt à sacrifier des dizaines de milliers de commerçants sur l’autel des profits des plus gros. Et les plus gros n’ont pas fini d’en profiter !

La grande distribution, une des grandes gagnantes du premier confinement et sans doute du second, met 100 000 salariés au chômage partiel, au prétexte de quelques rayons fermés. C’est coup double ! Elle fera trimer davantage ses employés lorsqu’ils seront présents et, en plus, elle fait payer une partie de leur salaire par l’État. Rien que pour Casino, c’est une économie de 6 millions !

La grande distribution est le symbole du grand patronat, des financiers, de la grande bourgeoisie, qui profitent du Covid pour accroître leur rentabilité en licenciant, en supprimant des emplois et en augmentant la charge de travail. Pour le grand patronat, c’est le beurre et l’argent du beurre. Pour les travailleurs, entre la peur pour leur santé et pour leur emploi et leur salaire, c’est la triple peine !

Incapables de gérer efficacement cette crise, le gouvernement et le grand patronat s’en servent pour nous faire marcher au pas. Prendre au sérieux l’épidémie, ne pas se laisser embobiner par les thèses complotistes, ne signifie ni se taire ni faire confiance. C’est, au contraire, exprimer la conscience d’avoir à lutter tout à la fois contre le coronavirus et contre la cupidité capitaliste.

Bulletins d’entreprise du 16 novembre 2020

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