Amazon : un épouvantail bien pratique18/11/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/11/2729.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amazon : un épouvantail bien pratique

Dans une campagne sur Internet et au travers d’une tribune diffusée par la presse, des syndicalistes comme Philippe Martinez, des élus et responsables de La France insoumise et du PCF, comme Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, appellent à « stopper l’expansion d’Amazon avant qu’il ne soit trop tard ».

Les signataires de la tribune dénoncent la position dominante de l’entreprise, l’exploitation de ses travailleurs et de ses sous-traitants, la destruction des commerces de proximité, l’évasion fiscale et la pollution engendrées par la vente par correspondance. Pour eux, Amazon est le grand gagnant de la crise.

Amazon est en effet un capitaliste des plus rapaces. Dans cette société, la concurrence aboutit au résultat invariable que les petits producteurs sont éliminés par les plus gros, que les monopoles détruisent tout sur leur passage et s’imposent, parce qu’ils sont plus productifs, parce qu’en raison de leurs capitaux ils peuvent s’appuyer sur la technique la plus moderne pour réduire au minimum le nombre de travailleurs employés, et parce qu’ils peuvent jouer sur le volume de marchandises mobilisées pour faire baisser les prix. Les entreprises qui n’ont pas les mêmes moyens sont ainsi écrasées.

Les signataires de la tribune dénoncent « une multinationale qui détruit 4,5 emplois lorsqu’elle en crée un ». Mais pourquoi s’arrêter à Amazon, alors que c’est la société capitaliste dans son ensemble qui fonctionne comme cela ? Pourquoi réserver ses coups au « géant de Seattle », comme ils disent, et est-ce parce qu’il est américain ? Cdiscount, la Fnac, Carrefour, Auchan, des entreprises européennes ou françaises de commerce en ligne ou en magasin, jouent pourtant la même partition, y compris aujourd’hui, à l’heure du reconfinement. La famille Mulliez, à la tête de son empire d’enseignes, Auchan, Alinea, Top office…, supprime des milliers d’emplois dans ses magasins, impose des temps partiels sous-payés à ses salariés. Sa position a abouti à la liquidation de nombre de commerces de proximité, avec la même assurance et la même liberté qu’Amazon, et bien avant Amazon.

Les signataires accusent Macron de dérouler un tapis rouge à Amazon. Le tapis est cependant plus large que ça. Ce n’est pas la seule entreprise qui licencie et qui exploite ses travailleurs en bénéficiant des largesses et des faveurs de l’État. Carrefour, qui veut faire payer une partie des salaires de ses employés au travers du chômage partiel et du plan de relance gouvernemental, n’en est qu’un exemple. Les gouvernements déroulent un tapis rouge devant tous les grands capitalistes, toujours au nom de l’emploi ou de l’économie, mais à la fin ce sont toujours les actionnaires qui gagnent.

Les signataires de la tribune avancent un certain nombre de mesures, comme le vote de la loi Convention pour le climat, une taxe sur le chiffre d’affaires et recommandent le boycott du Black Friday avec un certain mépris à l’encontre de ceux qu’ils nomment des surconsommateurs. Si même elles étaient prises, elles ne changeraient rien à la domination des trusts capitalistes, qu’ils soient d’Amérique ou d’Europe. C’est pourtant bien à cette domination qu’il faut s’en prendre, plutôt que d’en désigner un comme épouvantail.

À plusieurs reprises, les travailleurs d’Amazon ont lutté en se mobilisant et en faisant grève contre leur patron et l’exploitation qu’il leur fait subir. Cela vaut bien des lettres de personnalités et c’est bien plus clair.

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