Reconfinement : carte blanche au grand patronat04/11/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/11/P3-1_Confinement_total_le_week-end_ok_Lupo.jpeg.420x236_q85_box-0%2C84%2C436%2C329_crop_detail.jpg

Leur société

Reconfinement : carte blanche au grand patronat

La deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 a obligé le gouvernement à annoncer en catastrophe le deuxième confinement alors que les spécialistes de son propre conseil scientifique le mettaient en garde depuis des semaines. En réalité, le pouvoir était focalisé avant tout sur une chose : permettre aux entreprises de produire sans entraves.

Illustration - carte blanche au grand patronat

La situation sanitaire est plus grave qu’au début du premier confinement. Tous ceux qui sont en première ligne dans les hôpitaux en témoignent. Dans certains hôpitaux déjà, des malades n’ont pas pu être soignés en service de réanimation, parce qu’il n’y avait plus de place à cause de l’afflux de malades du Covid-19. Certains en sont déjà morts.

Mais, dans bien des entreprises, la plupart des protocoles sanitaires un peu stricts mis en place à la reprise du travail au printemps ont été oubliés. Quand il y a eu des cas de travailleurs atteints par le Covid-19, ils ont été minimisés, voire cachés, même à ceux qui travaillaient à côté d’eux et devaient être considérés comme cas contacts. Malgré l’annonce du reconfinement, strictement rien n’a changé sur ce point.

Produire en empêchant le virus de circuler nécessiterait de prendre des précautions, et souvent de ralentir les opérations de production. Mais cela irait directement à l’encontre des pressions sur les cadences et de la recherche de productivité. Or dans plusieurs secteurs, comme dans l’automobile, chez les sous-traitants, dans la distribution ou la logistique la production est importante. Des heures supplémentaires et des jours de week-end travaillés sont souvent imposés. Alors, en guise de protocole sanitaire, il suffit que les travailleurs portent un masque et tout est permis, avec l’aval des autorités.

Dans certaines usines, les mesures sanitaires prises contre le virus, ou ce qu’il en reste, servent surtout à faire pression sur les travailleurs. Au nom des mesures sanitaires, la pause du repas est réduite ; dans les bureaux, on ne peut plus rester discuter à la machine à café et on doit immédiatement retourner travailler à sa place.

Le laisser-aller de ce second confinement et l’absence quasi totale de contraintes imposées sont évidents. La crise économique a rendu la guerre commerciale encore plus vive et acharnée, et les grandes entreprises sont sur les dents pour maintenir leurs parts de marché et leurs profits. Le gouvernement, attentif à leurs désirs, s’en est complètement remis à leurs initiatives pour gérer les problèmes sanitaires et a minimisé le risque d’un retour de l’épidémie, jusqu’à ce que celle-ci devienne incontrôlable et ne lui laisse plus d’autre choix que de reconfiner.

Mais cette politique-là, faite d’une série d’improvisations, n’empêchera ni le coronavirus de se propager, ni la crise économique de s’approfondir.

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