Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : Au travail, la logique du profit crée les clusters

Au travail, la logique du profit crée les clusters

Bien des salariés savent par expérience que, si le travail devait se faire exactement selon les consignes données, il pourrait difficilement se faire dans les temps exigés par l’employeur.

En réalité, pour respecter les cadences imposées, les travailleurs sont incités, de fait, à ne pas respecter l’ensemble des consignes, qui ne sont là que pour couvrir la responsabilité du patron. Car l’employeur comme la maîtrise sont très souvent, pour ne pas dire toujours, au courant de cela. Le risque, pour ceux qui respectent les rythmes de travail pour ne pas subir de remontrances, voire de sanctions, est de s’exposer à des accidents du travail ou des maladies professionnelles. Lorsqu’un incident ou un accident se produit, l’employeur se réfugie derrière les consignes données (et non respectées) pour faire supporter la faute au salarié. C’est hypocrite, mais c’est le résultat de la logique de la rentabilité et de la dictature patronale.

Il en va de même avec l’épidémie actuelle. Les consignes sanitaires imposées officiellement dégradent considérablement les conditions de travail. Et le dilemme pour les travailleurs reste le même : respecter les consignes ou les rythmes imposés et tenir la rentabilité, ou bien préserver sa santé.

Par ailleurs, le traçage nécessaire pour casser les chaînes de contamination nécessite que la personne infectée précise si elle s’est retrouvée dans des situations à risque avec d’autres personnes. Si cela peut se faire aisément dans le cadre de la famille ou entre amis, il en est tout autrement dans le monde de l’entreprise. Il est avéré que certains salariés préfèrent ne pas signaler leur état de santé, pour ne pas être accusés, eux ou leurs collègues, de gêner la production, au risque de rejoindre tous ceux qui ont perdu leur emploi dans cette période de chômage endémique. Cela aussi, l’employeur le sait parfaitement.

Alors, on ne peut pas faire confiance aux patrons pour mettre en œuvre les mesures de prévention du risque lié à la propagation du virus. Dans ces conditions, on peut penser que les clusters en entreprise sont sous-représentés dans les statistiques, et que la dictature patronale est même un vecteur important de la propagation du virus.

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