Macron, Véran : les pinocchio de l’hôpital04/11/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/11/2727.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Macron, Véran : les pinocchio de l’hôpital

Dans son allocution du mercredi 28 octobre, Macron a fait feu de tout bois pour expliquer qu’il était obligé de reconfiner le pays, mais que tout avait été fait en temps et en heure pour affronter cette seconde vague. Selon lui, il y avait plus de personnel formé, plus de lits de réanimation et on n’avait jamais testé autant.

Le ministre de la Santé Olivier Véran n’était pas en reste sur le thème « l’hôpital est plus solide qu’au printemps ». Mais les chiffres avancés sont largement contestables, voire faux.

Selon Macron, il y aurait « près de 7 000 infirmiers et médecins pour pouvoir travailler en réanimation… un effort colossal de formation a été fait ». Mais quand Véran parle de soignants supplémentaires, il ne cite que le chiffre de 750 professionnels en Île-de-France, qui représente près de 20 % de la population française, et ne dit rien pour l’ensemble du pays. Sur le terrain, l’ensemble des professionnels, directeurs d’hôpitaux, responsables des ARS (agences régionales de santé) et les intéressés eux-mêmes (médecins, infirmiers et personnel de santé) disent au contraire qu’on manque partout d’effectifs et que l’hôpital fonctionne en flux tendu.

En ce qui concerne « l’effort colossal de formation », on est dans le même flou. Des responsables hospitaliers parlent de formation au rabais, « 14 heures de formation théorique au titre de la formation professionnelle », et le ministère de la Santé doit reconnaître des « formations assez sommaires, en une semaine alors qu’il faut entre six et douze mois de pratique pour être mobilisable ». Et les directeurs d’hôpitaux n’hésitent pas à faire appel à des élèves-infirmiers en cours d’études.

C’est la même chose pour les lits de réanimation. Macron a annoncé que leur nombre sera doublé, passant à 10 000. Véran, lui, annonce qu’on a déjà augmenté de 5 000 à 5 800. Mais le diable est dans les détails et on s’aperçoit que, derrière ces chiffres, on mélange allègrement lits de réanimation, lits de soins intensifs et lits de surveillance, car Santé publique France ne fait plus de distinction dans ses bilans. En 2019, le pays comptait au total 5 000 lits en réanimation, 6 000 en soins intensifs et plus de 8 000 en surveillance continue. Alors, Macron peut bien rebaptiser lits de réanimation des lits de soins intensifs ou de surveillance, et essayer de faire croire que tous les malades seront accueillis et soignés le mieux possible, c’est doublement un mensonge. Tout d’abord parce que le personnel formé pour entourer les malades dans ces lits manque, et ensuite parce que tous ces lits rebaptisés « réanimation Covid » sont autant de lits qui n’accueillent plus les malades présentant d’autres pathologies, maladies cardiaques, cancers, etc.

C’est là une autre conséquence dramatique de la situation dans les hôpitaux. Depuis le début de la pandémie, pour accueillir les malades Covid, des opérations ont été déprogrammées, des maladies non dépistées et des traitements non initiés. C’est le cas des infarctus du myocarde, mal pris en charge à domicile et responsables d’une mortalité accrue ; c’est aussi le cas des cancers non dépistés.

L’institut Gustave-Roussy, centre de référence pour les cancers, estime que d’ici 2025 on comptera 4 000 à 8 000 décès supplémentaires liés aux conséquences de la seule première vague. Avec la seconde, la même chose en pire se profile. Macron a dû l’admettre au cours de son allocution du 28 octobre, expliquant qu’on n’avait pas d’autre choix que de « déprogrammer… des opérations du cœur ou du cancer, parfois les mêmes qui avaient dû être décalées au printemps ». Il constate, il justifie, mais il continue à dire que son gouvernement a tout fait, et même mieux que ses voisins européens. Cela ne peut tromper personne.

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