Dans le monde

Grèce : la condamnation d’Aube dorée

Le 7 octobre, la justice grecque a reconnu le parti grec néonazi Aube dorée comme une organisation criminelle. Quelques jours plus tard, son fondateur Nikos Michaloliakos et cinq autres dirigeants ont été condamnés à treize ans de prison, une douzaine de leurs anciens députés de cinq à sept ans de prison, certains de leurs militants de un à cinq ans, et le meurtrier du rappeur Pavlos Fyssas à la réclusion criminelle à perpétuité.

C’est cet événement de septembre 2013 qui déclencha l’ouverture d’un procès rassemblant 69 accusés, 130 témoins à charge, en avril 2015. L’assassinat du chanteur, proche de l’extrême gauche, venait à la suite de nombreuses agressions commises par des partisans de Michaloliakos, essentiellement contre des immigrés et des militants de gauche et d’extrême gauche. Attaque en commando contre des pêcheurs égyptiens installés dans une banlieue d’Athènes, multiples agressions contre des réfugiés, contre des syndicalistes proches du Parti communiste sur un chantier naval : les premières années de la crise profitèrent à Aube dorée. En mai 2012, jouant sur la peur, la misère croissante et sur son étiquette prétendument antisystème, l’organisation néonazie entra au Parlement, avec dix-huit députés, étalant leurs propos haineux contre les immigrés « sous-hommes qui ont envahi notre patrie », leur politique du coup de gueule et du coup de poing, entre autres contre des députés de gauche. Depuis les élections de 2019, Aube dorée, n’ayant pas franchi le seuil de 3 % des voix, n’a plus de députés.

Après le verdict, tous les partis politiques se sont félicités de cette condamnation. Le Premier ministre Mitsotakis a parlé de « jour historique pour la Grèce, la démocratie et l’État de droit » mettant fin à « une ère traumatisante de la vie publique ». Cependant, l’interdiction d’Aube dorée ne signifie pas la disparition de son influence, même si elle est difficile à apprécier. On a vu récemment certains de ses sympathisants essayer d’exploiter les tensions entre habitants et migrants dans les îles ou près des frontières. Dans l’appareil d’État, la police ou l’armée, l’extrême droite ne manque pas de partisans.

Pour le moment, le parti de la Nouvelle démocratie et son gouvernement font l’affaire. Mitsotakis n’a d’ailleurs pas hésité à nommer deux ministres issus d’un ancien parti d’extrême droite nationaliste, l’Alerte populaire orthodoxe (LAOS), dont l’un, Adonis Georgiadis, co­édita en 2006 un livre faisant l’éloge de l’Allemagne nazie.

La politique de ce gouvernement est dans le droit fil d’une droite responsable à l’égard des possédants, grecs ou étrangers. Il sait jouer sur le nationalisme, il défend l’ordre établi et la religion, il mène une politique sécuritaire et renforce la répression contre les migrants, il applique les mêmes réformes qu’ailleurs contre les travailleurs. Ce dirigeant d’un gouvernement très à droite est seulement un peu plus présentable que l’Aube dorée qui vient d’être condamnée.

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