Hutchinson – Chalette : la grève fait reculer la direction14/10/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/10/P14-1_Hutchinson_greve_flexible_oct_2020_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C14%2C800%2C463_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hutchinson – Chalette : la grève fait reculer la direction

À l’usine Hutchinson de Chalette-sur-Loing, près de Montargis, la direction, malgré sa fermeté affichée, a dû remballer son projet de fermeture de l’atelier des Flexibles, programmée en mai 2021, face à la détermination de ses 70 travailleurs.

Illustration - la grève fait reculer la direction

Cette fermeture intervient dans le cadre d’un plan de licenciements annoncé en juin par le groupe Hutchinson. En France, cela concerne près de 1 000 travailleurs et 196 à l’usine de Chalette-sur-Loing, auxquels il faut rajouter les centaines d’intérimaires qui ont été remerciés.

La direction s’est vantée qu’elle ne fermait pas totalement l’usine comme cela se passe à Bridgestone, et elle affirme que cela se fera par une rupture conventionnelle collective sur la base du volontariat, mais en réalité c’est un plan de licenciements déguisé car les départs ne seront pas remplacés.

La direction espérait sans doute que les travailleurs de l’atelier des Flexibles acceptent docilement son plan de fermeture, mais ces derniers ont en tête qu’en plein confinement, Total et sa filiale Hutchinson ont renoncé à certaines aides de l’État afin de verser 1,3 milliard d’euros aux actionnaires.

La grève, démarrée mardi 5 octobre, est devenue chaque jour plus déterminée. Les grévistes ont confectionné tracts et pancartes et convoqué la presse. Ils se sont rendus dans les différents ateliers et ont tenu à s’adresser chaque jour à leurs camarades intérimaires, qui se sont sentis solidaires du combat engagé.

La dignité et l’esprit collectif qui se sont exprimés dans la grève ont gagné le cœur et la solidarité de la majorité des techniciens, que la direction pensait acquis à sa cause. Elle a tenté de leur faire faire le travail, mais la majorité ont refusé. Et les responsables qui s’y sont essayés ont eu bien du mal à démarrer les robots à la place des conducteurs de lignes. Un responsable a mis cinq heures à mettre en route un robot qu’un travailleur actionne en cinq minutes ! Si cela a bien fait rire les travailleurs, cela leur fait aussi prendre conscience de leur force, car sans eux, pas de production, et même les robots ne fonctionnent pas tout seuls !

La direction a aussi cherché à désamorcer la colère en proposant une « prime de compensation » pour le transfert vers d’autres ateliers, mais les grévistes l’ont refusée en bloc. Des ouvrières ne se sont pas non plus laissé impressionner par le refrain patronal concernant les difficultés à gérer une entreprise comme Hutchinson. « Qu’est-ce que vous croyez, faire vivre notre famille avec les salaires qu’on a, c’est bien plus dur que de gérer une entreprise ! », leur a lancé l’une d’elles.

Cette lutte a non seulement fait reculer la direction, mais elle a en plus été un sursaut de dignité. Les travailleurs ont relevé la tête et montré qu’ils n’étaient pas prêts à se laisser jeter comme des pions, et cela a redonné le moral à tous.

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