Côte d’Ivoire : la crainte d’une nouvelle guerre civile07/10/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/10/2723.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire : la crainte d’une nouvelle guerre civile

Dans leur journal, Le pouvoir aux travailleurs du 27 septembre, nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) décrivent la situation inquiétante en Côte d’Ivoire à quelques semaines des élections présidentielles.

Il reste un peu plus d’un mois avant les élections présidentielles du 31 octobre prochain. Les protagonistes ont commencé à faire monter la tension au sein de la population. Des manifestations ont déjà fait plus de vingt morts à travers le pays. Le pouvoir et son opposition rivalisent pour mobiliser les populations et les gagner à leur cause. Vu les positions tranchées actuelles et au regard de l’histoire récente du pays, cela n’augure rien de bon.

Aujourd’hui, Bédié, le dirigeant du PDCI, âgé de 86 ans, semble fédérer l’opposition autour de lui. Avec la quasi-totalité des partis d’opposition (FPI, UDPCI, GPS, MFA, LIDER, etc.) il mène la fronde contre Ouattara en contestant la légalité de sa candidature, en exigeant la recomposition de la CEI (Commission électorale indépendante) et du Conseil constitutionnel, ainsi qu’un audit du fichier électoral.

À tous ces griefs de l’opposition, le RHDP, parti au pouvoir, répond par le mépris et l’arrogance. Autant dire que, avant même que le premier tour de l’élection ne se tienne, tous les ingrédients sont déjà là pour en contester le résultat, si tant est qu’il ait lieu selon le calendrier prévu.

En 2010, la contestation des résultats de l’élection présidentielle, qui avait opposé Gbagbo à Ouattara au deuxième tour, avait duré quatre mois et s’était soldée officiellement par 3 000 morts. Tous sont d’accord pour dire que personne ne souhaite revivre une telle situation. Mais c’est la soif de pouvoir ajoutée à l’irresponsabilité qui conduit la classe politique ivoirienne à agir en pyromane.

Rien de fondamental ne distingue les protagonistes les uns des autres. Ce sont des gens d’un même monde. Ils vivent parfois côte à côte, fréquentent les mêmes lieux de loisirs et mangent parfois à la même table. Depuis 1993, année de la mort de Houphouët-Boigny, à peu près toutes les combinaisons électorales ont été essayées : tantôt alliés, tantôt rivaux, selon les circonstances du moment. Ce qui les oppose, c’est seulement leur ambition de mettre la main sur la plus haute fonction de l’État, car c’est celle qui permet le plus d’accéder à la mangeoire pour tout le clan du gagnant. C’est dans ce seul but que ces alliances se font et se défont. Et c’est aussi pour cela que, à l’occasion de chaque grande élection, les politiciens en compétition n’hésitent pas à propager la xénophobie, l’ethnisme ou le régionalisme pour mobiliser leurs troupes. C’est leur manière à eux de faire la campagne électorale, mais c’est avec le sang des pauvres qu’ils se battent pour assouvir leurs ambitions personnelles !

Notre avenir ne se trouve pas dans la couleur d’un bulletin de vote qu’on nous permet de temps en temps de glisser dans l’urne, mais dans notre capacité à nous organiser et à lutter en tant que travailleurs pour améliorer nos conditions d’existence et pour vivre décemment de notre travail. Dans ce combat-là, nous aurons aussi à nous battre contre toutes les formes de division, ethnique, religieuse, nationale ou autre, que nos adversaires veulent introduire dans nos rangs pour nous affaiblir. Face à nos exploiteurs, notre force c’est l’unité et la solidarité entre tous les travailleurs !

Partager