Leur société

Attentat rue Appert : le produit d’un monde barbare

Plus de cinq ans après l’attentat qui avait décimé la rédaction de Charlie Hebdo à Paris, et au moment même du procès de ses complices présumés, une nouvelle attaque s’est produite vendredi 25 septembre devant les anciens locaux du journal, blessant grièvement deux personnes.

L’assaillant, un jeune Pakistanais, a justifié son geste criminel par la récente republication des caricatures de Mahomet dans le journal satirique. Il voulait, au nom d’idées obscurantistes, « venger » ce sacrilège. Il ignorait visiblement que la rédaction de Charlie Hebdo avait déménagé de la rue Appert depuis janvier 2015, et pensait que les deux victimes, deux journalistes d’une agence de production de télévision située dans le même bâtiment, en étaient membres.

Cet attentat se produit alors que depuis des mois, pour faire oublier les désastres causés par sa politique, le gouvernement développe une campagne sécuritaire, ciblant plus particulièrement les jeunes des quartiers populaires et les musulmans. Il ne pouvait donc manquer d’utiliser l’événement et le ministre de l’Intérieur, Darmanin, en a profité pour évoquer la « guerre contre le terrorisme islamiste ». Marine Le Pen, elle, s’est servie de l’origine pakistanaise de l’attaquant pour surenchérir et exiger l’expulsion des immigrés sans papiers et « la chasse à l’islamisme ». Les principaux ténors de la droite y sont allés eux aussi de leur couplet demandant plus de mesures sécuritaires, poursuivant sur ce terrain une concurrence avec le gouvernement pour garder les votes de l’électorat réactionnaire.

Ces campagnes empreintes de xénophobie, qui visent à présenter les musulmans en général comme des terroristes en puissance, renforcent le ressentiment d’une partie d’entre eux, quand elles ne facilitent pas le recrutement des groupes intégristes, et tendent en tout cas à aggraver les divisions au sein des classes populaires.

Après l’attentat, le monde politicien n’a plus eu à la bouche que la défense des libertés en général et de la liberté d’expression en particulier. Mais l’impérialisme français, dont ils sont les défenseurs, n’intervient pas au Moyen-Orient ou en Afrique pour défendre les libertés. Il y soutient les pires dictatures, les groupes armés les plus sanguinaires, quand il n’y envoie pas ses propres soldats, le tout pour soutenir les intérêts des multinationales qui pillent la planète.

C’est sur ce terreau que recrutent bien des groupes islamistes armés, qui peuvent d’autant mieux se poser en adversaires de la domination occidentale, pour tenter d’imposer la leur sur la population.

Aucune mesure policière ne pourra empêcher que des individus isolés, comme ce jeune Pakistanais, ne décident à un moment donné de passer aux actes avec ou sans motivation. Mais avec ses campagnes antimusulmans et ses interventions guerrières, le gouvernement français fait tout ce qu’il faut pour leur en fournir.

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