Leur société

Surmortalité : les malades du virus... et les autres

Avec la remontée des hospitalisations et des admissions en réanimation, on a entendu de nombreux médecins hospitaliers expliquer que l’on ne pourrait pas gérer la seconde vague comme on avait géré la première en mars-avril.

À l’époque, devant l’afflux des malades du Covid-19, l’activité de tous les hôpitaux avait été réorientée vers leur prise en charge notamment en créant d’urgence des services de réanimation dans des services dédiés à d’autres maladies. Bien sûr, les cas très urgents étaient traités quand même dans des services spécialisés comme l’hématologie à l’hôpital Saint-Louis de Paris ou la cancérologie à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif.

À cette réduction drastique des capacités d’accueil s’est ajoutée la réaction de nombre de malades qui craignaient de se rendre à l’hôpital. Ainsi à l’échelle du pays, les hospitalisations pour infarctus du myocarde ont reculé de 30 %, pendant le premier mois du confinement du 15 mars au 15 avril. Une étude publiée fin mai sur Paris et les départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) explique ce fait par l’augmentation du nombre d’arrêts cardiaques à domicile dont malheureusement la mortalité était plus importante. Ils se produisaient en effet devant des familles désarmées, incapables de pratiquer un massage cardiaque, dans l’attente de l’arrivée tardive sur place des équipes spécialisées du Samu ou des pompiers.

En ce qui concerne les cancers, une étude de l’Institut Gustave-Roussy donne le chiffre d’une surmortalité de 2 à 5 %, toujours à cause du retard du diagnostic et des soins (chirurgie, chimiothérapie, etc.). On est en droit d’imaginer qu’il en sera de même pour toutes les pathologies chroniques, comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires, etc.

Aujourd’hui les médecins hospitaliers qui se relaient dans les médias expliquent qu’on ne pourra pas cet automne refaire comme en mars-avril et que l’hôpital n’est pas en mesure de faire face à toutes les pathologies. C’est la triste réalité car si le ministre de la Santé évoque des embauches qui auraient été faites, il oublie de parler des départs de nombreux travailleurs épuisés et qui ont bien compris que les promesses du Ségur de la Santé ne changeront rien de fondamental à leur quotidien.

Alors, que la seconde vague atteigne ou pas l’intensité de la première, la situation dans les hôpitaux et les Ehpad est toujours aussi critique et les malades et les soignants en seront encore toujours les victimes.

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