Dans le monde

Pesticides : interdits en Europe, exportés vers le reste du monde

Chaque année, l’Union européenne (UE) autorise les trusts européens de l’agro-industrie à produire pour l’exportation des pesticides interdits en Europe.

Deux ONG (Greenpeace – Grande-Bretagne et Public Eye) se sont attelées à rassembler des milliers de notifications d’exportation que les entreprises doivent remplir pour exporter des produits chimiques dangereux. Elles ont ainsi mis en évidence l’exportation de ces substances interdites en Europe, malgré le secret des affaires utilisé pour camoufler ce type de pratiques.

Pour l’année 2018, la seule pour laquelle elles ont des données complètes, l’UE aurait approuvé l’exportation de plus de 80 000 tonnes de pesticides contenant des substances nocives interdites. Cela représente l’équivalent de la quantité de pesticides vendus en France la même année.

Parmi ces pesticides, on trouve le tristement célèbre paraquat, interdit dans l’UE depuis 2007, mais toujours produit par Syngenta en Grande-Bretagne, fortement toxique pour les humains, à tel point que les suicides au paraquat sont fréquents, depuis des années, chez les agriculteurs indiens poussés au désespoir. Le dichloropropène (1,3D), également interdit depuis 2007, est utilisé au Maroc dans les champs de tomates. L’atrazine, produit par Syngenta dans une usine du Gard, en France, interdit depuis 2003, est largement utilisée dans les champs de blé d’Ukraine.

Outre les États-Unis, premier importateur de ces pesticides notoirement dangereux, les autres pays importateurs sont aux trois quarts des pays pauvres. À mesure que l’UE interdit en Europe de nouvelles substances jugées dangereuses pour la santé ou l’environnement, leurs exportations augmentent.

La France dit qu’elle envisage de mettre un terme à ces pratiques en 2022. Cela laisse deux ans aux capitalistes de l’agro-industrie pour faire un lobbying intense auprès des dirigeants français et européens et empêcher l’adoption et la généralisation de cette mesure. Les problèmes écologiques et la santé des paysans ne comptent pas pour les vautours de l’agrobusiness.

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