Dans les entreprises

Ryanair : un chantage odieux

Après avoir annoncé 3 000 suppressions d’emplois, la compagnie aérienne irlandaise Ryanair a contraint les pilotes sous contrat français à accepter une baisse de salaire de 20 %, sous peine de perdre leur emploi. Ce chantage a été effectué dans le cadre d’un accord de performance collective (APC), dispositif mis en place par Macron en 2017.

Pourtant cette compagnie de vols à bas coût est loin d’être aux abois. Elle a affiché un bénéfice net de plus d’un milliard d’euros en 2019. Et, l’année d’avant, celui-ci était de 1,45 milliard. Son actionnaire principal, Capital Group Companies, est l’un des trois plus gros fonds de pension du monde, avec un chiffre d’affaires annuel de 1300 milliards de dollars.

Si cette société parvient à être aussi rentable en vendant quelques dizaines d’euros des vols aller-retour, c’est en partie grâce aux subventions des aéroports et des collectivités locales. À ceux-ci, Ryanair réclame plusieurs centaines de milliers d’euros pour l’ouverture d’une ligne. En France, des présidents de région ou des élus à la tête de telle ou telle métropole, de gauche comme de droite, n’hésitent pas à arroser d’argent public cette compagnie, des sommes directement versées sur des comptes situés dans des paradis fiscaux.

Mais c’est surtout en imposant des conditions de travail parmi les pires dans le transport aérien des pays développés que Ryanair réalise ses « prouesses » économiques. Les hôtesses et stewards ne disposent que d’un temps très réduit entre chaque vol, doivent se contenter d’un repas pris sur le pouce et sont contraints par leur direction à faire du chiffre sur les ventes à bord, seul moyen d’ailleurs d’améliorer un peu des salaires de base dérisoires. Quant aux pilotes, épuisés par les cadences infernales, ils se sont mis en grève en 2017.

Ryanair a parfaitement les moyens de maintenir tous les emplois sans baisse de salaire. Seulement voilà, pour elle il n’est pas question d’écorner une partie de ses profits. À l’image de l’ensemble du grand patronat, elle entend se servir de la crise comme prétexte pour imposer des conditions d’existence encore pires à ses salariés. La rapacité des dirigeants de Ryanair, comme de tous les capitalistes, ne connaît aucune limite.

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