Masques, tests, quatorzaine : qui vivra verra09/09/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/09/2719.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Masques, tests, quatorzaine : qui vivra verra

D’après les chiffres officiels, le nombre d’infections au coronavirus augmente de 15 % par semaine. Il y a désormais 574 personnes placées en réanimation, un chiffre à comparer aux 400 de la fin août, et aux 7 000 atteints lors du pic épidémique du printemps. Alors que la situation semble devenir critique à Marseille, des médecins prévoient, si la maladie progresse au même rythme, une nouvelle situation catastrophique dans les hôpitaux en décembre.

Devant cette situation, le gouvernement et son ministre de la Santé Olivier Véran proposent des discours et des rustines. Aujourd’hui les masques sont certes disponibles, du moins pour ceux qui peuvent se les payer en nombre suffisant, mais les tests et surtout leurs résultats ont tendance à se faire attendre. Les conditions d’accueil des jeunes scolarisés, les conditions de travail des adultes dans les établissements d’enseignement ont de quoi inquiéter. Le gouvernement, prévoyant des fermetures de classes, serait en train d’étudier les moyens d’aider les parents à garder leurs enfants. Il serait temps, en effet…

Dans les entreprises comme dans les transports en commun, les gestes barrières et les précautions sanitaires sont réduits à ce qui ne gêne pas la productivité du travail et, surtout, ne coûte rien au patronat.

Le débat public s’est focalisé sur la durée de la quarantaine : 14 jours ou 7 jours ? Dans une société organisée par le chacun-pour-soi et l’État pour le grand patronat, bien des travailleurs indépendants, des salariés précaires ou sous pression, des mères élevant seules leur enfants ne peuvent sans risque arrêter de travailler. Alors, faute de leur offrir les moyens d’attendre les résultats du test puis éventuellement de s’isoler, le ministre de la Santé se borne à raccourcir les délais.

Véran voudrait éviter une nouvelle explosion épidémique, car il sait qu’elle entraînerait la même catastrophe sanitaire qu’au printemps, suivie de la même désorganisation sociale. L’expérience acquise à l’hôpital lors de la première vague ne compense pas, il s’en faut, l’épuisement, le sous-effectif chronique, le manque de moyens, la soumission de la santé aux critères de rentabilité financière. Pour retarder l’échéance, Véran compte sur les seuls gestes barrières, mais sans déranger l’exploitation du travail, sans embaucher pour encadrer les enfants, sans venir en aide à ceux qui ne peuvent s’isoler, sans même mobiliser les moyens de l’État pour tester systématiquement et rapidement.

Pour sauver les profits, l’État a immédiatement trouvé les capitaux nécessaires, quitte à les inventer. Pour combattre l’épidémie, il n’ y a eu que le dévouement des travailleurs en première ligne et il n’y a que la conscience de la population elle-même. Le ministre, lui, se contente de danser pour faire venir la pluie.

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