Turquie : Erdogan et l’AKP prêts à tout pour rester au pouvoir19/08/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/08/2716.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : Erdogan et l’AKP prêts à tout pour rester au pouvoir

Ce texte est traduit de l’éditorial de nos camarades de Sinif Mücadelesi (« Lutte de classe » Turquie – UCI)

Erdogan et le gouvernement de son parti l’AKP, face à l’effondrement de l’économie et à un discrédit croissants, essayent par tous les moyens de renverser la vapeur. On le voit à la politique menée et aux événements de ces derniers mois.

Durant l’épidémie de Covid-19, ils ont voulu avant tout garantir les profits du patronat, quitte à mettre en danger la vie des travailleurs dans les entreprises. Cette politique se poursuit aujourd’hui. Quant à la lutte contre l’épidémie elle-même, le pouvoir n’a pas pris les mesures nécessaires, parce qu’il ne voulait pas en supporter les coûts. Le refus du ministère de la Santé de faire tester les chauffeurs d’autobus d’Izmir est bien significatif.

Le régime d’Erdogan a aussi recommencé ses manœuvres pour supprimer l’indemnité de départ à laquelle ont droit les travailleurs en cas de licenciement. Supprimer cette obligation, qui constitue pour les travailleurs un droit essentiel, signifierait d’énormes gains pour les patrons. Jusqu’à présent le pouvoir n’a pas réussi. Pour nombre de travailleurs, prendre cette mesure serait passer une ligne rouge, et il a senti que cela pouvait provoquer une riposte générale. Les syndicats et même le patronat ont fait savoir que mieux valait pour l’instant ne pas la mettre à l’ordre du jour. Erdogan et le gouvernement se sont inclinés, quitte bien sûr à revenir à la charge à la première occasion.

Puis voilà qu’encore une fois le pouvoir a remis sur le tapis la question de Sainte-Sophie, en décidant d’ouvrir de nouveau l’édifice au culte musulman. Comme si le droit de revenir y prier allait résoudre la crise économique, éradiquer la pauvreté et permettre de voir l’avenir en rose ! Il y a un an encore, Erdogan avait déclaré qu’une telle décision aurait été déraisonnable. Mais il est vrai qu’en un an la pauvreté et le chômage ont rapidement augmenté et qu’il faut faire diversion. Selon les derniers chiffres du syndicat DISK par exemple, du fait de l’inflation le seuil de pauvreté pour une famille de quatre personnes est aujourd’hui de 8 186 livres (980 euros) de revenu mensuel, et le minimum absolu nécessaire pour assurer sa subsistance est de 2 367 livres (285 euros). Quant au chômage, on est loin du taux déclaré officiel de 12,8 %, soit 3 775 000 sans emploi. Leur nombre réel serait de 17 720 000 selon le parti social-démocrate CHP.

En politique extérieure, le centre de l’attention n’est plus la question syrienne, mais celle de la Libye. Le pouvoir actuel s’inspire du « nouvel ottomanisme » et défie les pays impérialistes, en particulier la France, en Libye. Dans un défi également à son ancien ami Poutine, il s’est lancé dans une action militaire pour soutenir le gouvernement libyen d’Al Sarraj et prendre sa part des ressources de gaz naturel et de pétrole du bassin méditerranéen. De leur côté, les grandes puissances qui ne veulent pas laisser faire Erdogan pourraient favoriser la tension entre la Turquie et l’Égypte, qui soutient en Libye le camp opposé du général Haftar. (...)

Un conflit entre les deux pays serait une aventure aux conséquences désastreuses pour les travailleurs et les couches populaires de Turquie, mais aussi pour tous ceux d’Égypte. (…)

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