Dans le monde

Maroc : les travailleurs hospitaliers expriment leur colère

Lundi 3 août, face à la montée des cas de contamination et de décès dus au coronavirus, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a annoncé l’annulation jusqu’à nouvel ordre de tous les congés accordés au personnel de santé publique, en échange d’une prime médiocre.

Les agents hospitaliers qui étaient partis devaient reprendre leur poste sous 48 heures.

C’en était trop. Dès le lendemain, des techniciens, infirmières, aide-soignants, médecins, sortaient manifester et organisaient des sit-in sur leur lieu de travail. Devant plus de cinquante établissements hospitaliers, et malgré les risques de dispersion par la police à cause de l’état d’urgence sanitaire, ils ont brandi des pancartes et scandé des slogans qui disent leur fatigue et leurs revendications, aucunement nouvelles, sur plus de moyens et d’effectifs et le départ de ce « ministre de bricolage » et de cette « politique de maquillage ».

« Les équipements de protection manquent, le personnel manque, les places manquent […]. Il y a même des patients par terre », raconte un médecin du CHU de Tanger. Les 3 000 lits promis par le gouvernement au début de l’épidémie n’ont jamais vu le jour. Le nombre de médecins réanimateurs est largement insuffisant. Aujourd’hui, on parle de saturation, ou quasi, avec 154 patients en soins intensifs et en réanimation. Et il s’agit là de lits dans les grands hôpitaux des grandes villes de l’ouest du pays, mieux équipés.

Dans le reste du pays, les hôpitaux sont vus comme des mouroirs. À l’hôpital d’Oujda, dans le nord-est, en temps « normal », le patient doit arriver avec son linge de lit et doit parfois financer le carburant de l’ambulance. Ceux qui le peuvent se payent les services d’une clinique privée, mieux appareillée.

Les travailleurs des hôpitaux publics annoncent la poursuite de leur mouvement. Comme l’a bien dit l’un des manifestants, « si la lutte ne suffit pas, alors il faudra... plus de lutte ! »

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