SNCF : Macron qui s’en dédit

12 Août 2020

Macron a affiché son amour immodéré du rail, soudainement paré de toutes les vertus. Il a ainsi déclaré : « On va redévelopper le fret ferroviaire massivement. On va redévelopper les trains de nuit, là aussi, on va redévelopper les petites lignes de trains parce que tout ça, ça permet de faire des économies et ça permet de réduire nos émissions. » C’était le 14 juillet et non le 1er avril, car on aurait pu croire à un canular.

Il faut en effet n’avoir de mémoire qu’à très, très court terme pour oublier qu’il a été, depuis qu’il exerce des fonctions publiques, un des artisans de la liquidation du transport par rail des passagers et des marchandises.

En 2015, alors qu’il était ministre de l’Économie, la loi qui portait son nom autorisait le transport par car sur les longues distances, avec comme objectif déclaré de concurrencer les lignes SNCF.

En 2018, le rapport Spinetta, commandé par le gouvernement Macron-Philippe et qui servait de base à la réforme ferroviaire, proposait crûment de supprimer 9 200 kilomètres de petites lignes socio-économiquement non rentables, car cela devait permettre « d’économiser, a minima, 1,2 milliard d’euros par an ». À la SNCF et à l’État peut-être, mais certainement pas aux populations concernées. C’est devant la fronde, non seulement des cheminots et des usagers, mais aussi d’un certain nombre d’élus locaux, que le gouvernement avait renoncé à mettre en œuvre cette liquidation. Mais la seule décision du gouvernement a été de laisser aux régions la responsabilité du maintien et du financement de la rénovation de lignes, pour certaines dans un état de vétusté spectaculaire.

Concernant les trains de nuit, il ne reste plus aujourd’hui que deux lignes encore en fonctionnement. Depuis 1985, le nombre de gares desservies la nuit a été divisé par dix. Le choix assumé par le gouvernement et la direction de la SNCF était de ne plus remplacer les rames obsolètes, d’imposer des détours et des retards pour mettre en avant la prétendue désaffection pour ces trains.

Enfin le fret ferroviaire a poursuivi sa lente agonie. Il ne représente plus que 9 % du transport de marchandises contre près de 50 % dans les années 1970. Là encore, le refus d’entretenir ou de rénover des rames ou des voies a contribué au transvasement massif du transport de marchandises sur les routes.

Aujourd’hui, les déclarations sur l’environnement étant rentables électoralement, Macron prône donc l’inverse de ce que lui et ses prédécesseurs ont consciencieusement mis en œuvre. Mais hormis la promesse aux opérateurs de fret, aujourd’hui souvent privés, de prendre en charge une partie de leurs péages, il n’y a aucune mesure concrète, aucune ligne rouverte. Simplement de vagues déclarations d’intention pour… 2022.

Christian BERNAC