Leur société

Dépakine : empoisonnement signé Sanofi

Le groupe Sanofi Aventis vient d’être mis en examen pour homicides involontaires dans l’affaire de la Dépakine.

Prescrit à des femmes enceintes, cet antiépileptique a provoqué des malformations et des handicaps graves chez 16 000 à 30 000 enfants nés entre 1967 et 2016, selon des estimations officielles. Pourtant, dès les années 1980, ces effets ont été identifiés. Mais il a fallu trente ans pour que le laboratoire se décide à informer les patientes des risques associés à ce traitement en cas de grossesse. Durant cette période, il a minimisé la gravité du problème auprès des médecins et des autorités de santé – qui n’ont de leur côté pas cherché à remettre en cause les déclarations de ce groupe pharmaceutique riche à milliards.

Il a fallu des années d’obstination de la part de parents de victimes pour que Sanofi soit mis en examen, en février 2020, pour blessures involontaires et tromperie aggravée. Le nouveau chef d’accusation s’explique par la très forte probabilité que certains bébés soient morts des effets du traitement de leur mère, en plus de tous ceux qui en souffrent à vie.

Mais le combat des victimes est loin d’être fini, tant Sanofi déploie de moyens pour éviter de prendre en charge financièrement une partie des dégâts qu’il a provoqués. L’entreprise refuse ainsi de participer au fonds d’indemnisation des victimes d’accidents médicaux, l’Oniam, même dans les dossiers dans lesquels les familles ont obtenu la reconnaissance de sa responsabilité. Pour l’instant, c’est donc l’État qui paie toutes les indemnisations. En outre, Sanofi fait systématiquement appel de toutes les condamnations et les procédures durent de longues années, pendant lesquelles les familles doivent assumer les frais engendrés par les handicaps. En 2019, le laboratoire a même réussi à faire casser pour vice de forme une condamnation à verser deux millions d’euros aux parents d’une petite fille née avec de graves malformations.

Après avoir fait du profit en mettant en danger des dizaines de milliers d’enfants, le message de Sanofi est clair : pas question que cette affaire coûte un centime à ses actionnaires.

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