Dans le monde

Le Drian au Liban : un discours colonialiste

En visite au Liban les 23 et 24 juillet, Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, s’est permis de faire la leçon, pour ne pas dire du chantage, au gouvernement libanais. « Il est aujourd’hui urgent et nécessaire de s’engager de manière concrète sur la voie des réformes », a-t-il déclaré, « aidez-vous et la France et ses partenaires vous aideront. »

Pour rendre les choses encore plus claires, il a suspendu l’aide de 11 milliards, en prêts et en dons, promise en 2018 et destinée à développer les infrastructures du pays. Cette aide aurait évidemment débouché sur des marchés rentables pour les bétonneurs et autres industriels français. À supposer que ces derniers souhaitent que le Liban ait les moyens de rester une de leurs vaches à lait, ils n’investiront pas dans ce pays sans avoir la garantie d’être payés.

C’est dans ce but que Le Drian pousse le gouvernement libanais à achever ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide. Mais les aides de cet organisme sont loin d’être désintéressées et les prêts devront être remboursés. D’autres pays en crise, pour ne citer que la Grèce, le Portugal ou l’Espagne, ne les ont obtenus qu’en appliquant un plan d’austérité drastique, c’est-à-dire en pressurant leur population à la limite de l’intolérable.

Mais que la population libanaise, qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la misère, fasse les frais des diktats des institutions financières, est le dernier des soucis de Le Drian, qui s’appuie sur des décennies de domination française pour vouloir imposer, comme il le dit, « les exigences de la France ».

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