Génocide au Rwanda en 1994 : les basses œuvres de la justice française08/07/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/07/2710.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Génocide au Rwanda en 1994 : les basses œuvres de la justice française

La cour d’appel de Paris a confirmé un non-lieu dans une procédure impliquant neuf proches de l’actuel président rwandais Paul Kagame dans l’attentat qui avait, en 1994, coûté la vie à Juvenal Habyarimana, alors président du Rwanda.

Cet attentat avait donné le coup d’envoi au massacre des Tutsis par les extrémistes hutus. Les milices de meurtriers avaient été entraînées et équipées par des militaires français. L’État français leur avait fourni des armes pendant les massacres, et avait protégé la fuite des responsables hutus.

L’État français a toujours voulu masquer sa responsabilité dans ce génocide. Tenter de prouver que l’attentat de 1994 était le fait des opposants tutsis était très utile aux responsables français. La justice est indépendante, paraît-il, mais elle a consciemment visé les opposants tutsis du FPR dans ses investigations sur l’attentat. Pourtant, une note interne de la DGSE de 1994, et une commission parlementaire mise en place en 1998, avaient abouti à la responsabilité des extrémistes hutus. D’ailleurs, c’est bien aux génocidaires que cet attentat a profité.

Le juge Bruguière s’est saisi d’une plainte déposée en 1998 par la fille d’un pilote français de l’avion présidentiel, pour mener une enquête à charge. Bruguière s’est appuyé uniquement sur les témoignages de Paul Barril, barbouze français sous contrat du gouvernement hutu en 1994, et de proches de Félicien Kabuga, arrêté dernièrement pour avoir financé directement les génocidaires. Bruguière a lancé en 2006 des mandats d’arrêts pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste contre ces neuf dirigeants du FPR, qui bénéficient aujourd’hui d’un non-lieu.

Depuis, d’autres enquêtes ont conclu que l’implication d’un commando du FPR dans l’attentat était impossible.

Mais la procédure lancée en 1998 a suivi son cours jusqu’à aujourd’hui, contribuant à créer un écran de fumée autour de l’implication de l’État français.

La décision de la cour d’appel est la conclusion provisoire d’une instruction qui dure depuis vingt-deux ans. Il est vrai que les principaux politiciens français impliqués dans le soutien aux génocidaires hutus, dont Mitterrand, ont plus ou moins disparu de la vie politique, et que Macron voudrait normaliser ses relations avec le régime rwandais actuel. L’arrestation de Félicien Kabuga s’inscrit dans ce contexte. La décision de la cour d’appel de Paris sans doute également.

Mais les responsables politiques français de l’époque, que ce soit l’entourage du socialiste Mitterrand ou les membres du gouvernement de droite de l’époque, bénéficient toujours de l’impunité.

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