Congés bonifiés : le coup de pied de l’âne08/07/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/07/2710.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Congés bonifiés : le coup de pied de l’âne

Édouard Philippe, fidèle jusqu’à la dernière minute à sa politique antiouvrière, a ajouté à son bilan une dernière mesure visant les travailleurs originaires des Antilles, de la Guyane, de La Réunion, avec un décret modifiant les règles des congés bonifiés dont ces derniers peuvent bénéficier.

Les fonctionnaires ultra­marins travaillant dans l’Hexagone avaient jusqu’à présent la possibilité, une fois tous les trois ans, d’ajouter 30 jours, week-ends inclus, à leurs congés payés, ce qui leur permettait de retourner deux mois dans leur famille. Pendant ces congés, le salaire est majoré d’une prime compensant la cherté de la vie locale. Le nouveau décret supprime ces trente jours. La prise en charge des billets d’avion est maintenue, pour l’instant et sous condition – et il devient possible d’en bénéficier tous les deux ans, au lieu de trois précédemment.

Les discours hypocrites sur le thème « partir moins longtemps, mais plus fréquemment » ne peuvent masquer le fait qu’il s’agit d’un recul, permettant à l’État de faire quelques économies sur le dos de ces travailleurs. Ce recul avait d’ailleurs été combattu par les principaux concernés, il y a deux ans, obligeant alors le gouvernement à reculer provisoirement.

Dans les années 1960 et 1970, à travers le Bumidom, Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, l’État a expatrié un grand nombre de jeunes ultramarins. Munis d’un billet aller simple, ils venaient servir de main-d’œuvre, notamment dans les administrations publiques, aux emplois les plus mal payés. C’était aussi une façon de répondre au climat explosif qui traversait cette jeunesse nombreuse et révoltée par la misère et les conséquences du colonialisme. Aujourd’hui encore, la précarité et le chômage massifs, 60 % de chômage en Guadeloupe chez les jeunes, poussent de nombreux jeunes à partir trouver du travail dans l’Hexagone. Leur permettre de conserver le lien avec leurs proches est bien la moindre des choses que puisse faire l’État français.

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