Sferis : sous-traitance ferroviaire low-cost01/07/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/07/2709.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sferis : sous-traitance ferroviaire low-cost

La société Sferis est une filiale de la SNCF qui compte près de 1 000 salariés. Créée en 2012 par des cadres de la SNCF mis à disposition, elle permet à la SNCF d’avoir une filiale pour l’entretien des voies à moindre coût. Pour cela, Sferis s’affranchit de tout ce qui concerne la formation, la sécurité et la rémunération.

Le turnover y est important, car les conditions de travail sont pénibles et dangereuses et les pressions sont nombreuses vis-à-vis des ouvriers récalcitrants.

Les salariés sont envoyés sur les voies sans aucune formation et mis en danger par méconnaissance des risques. Des lorries (sorte de chariots qui servent à transporter du matériel) sont parfois mis sur les rails sans la moindre autorisation du poste de circulation. Un train a déjà percuté un lorry sur lequel se trouvaient des ouvriers, qui ont juste eu le temps de sauter avant le choc. Les ouvriers sont aussi amenés à transporter, sans mesure de protection, des traverses traitées à la créosote, un produit fortement toxique.

Le nombre élevé d’accidents du travail pourrait faire perdre les habilitations à la société, mais elle ne décide pas pour autant de mettre en place de véritables mesures.

Une grande partie de la manutention se fait ainsi à la main, parce que la direction refuse de faire venir un camion benne avec une grue. Les équipes se retrouvent à six pour déplacer des rails de 18 mètres et les monter sur un lorry. Les problèmes de dos sont fréquents, mais Sferis rechigne à déclarer ces accidents du travail et demande aux salariés de se mettre en maladie.

La convention collective précise qu’à partir d’un an d’ancienneté les travailleurs de l’entreprise ne subissent plus les trois jours de carence en cas d’arrêt, mais Sferis ne l’applique pas forcément. C’est une pression supplémentaire pour qu’ils ne s’arrêtent pas. De même, à la suite d’un accident du travail, les restrictions médicales ne sont pas toujours respectées et la direction préfère licencier ceux qui deviennent inaptes à leur poste de travail.

Sferis recrute et intervient dans toute la France. Les salariés dans le collimateur sont souvent envoyés en déplacement sur les chantiers les plus éloignés. Ils doivent être logés, mais l’entreprise leur retire pour cela 22 euros sur leur prime de déplacement ! Il arrive aussi que des ouvriers dorment dans leur voiture parce que rien n’a été prévu pour eux.

La convention collective prévoit que les repos permettent de passer 48 heures chez soi, mais il est fréquent que cette durée soit raccourcie. Les journées de travail peuvent facilement atteindre 10 heures. Il faut y rajouter les trajets en voiture et, comme il n’y a pas de relevés sérieux des heures effectuées, une partie des heures supplémentaires n’est même pas payée.

La SNCF ferme les yeux sur les agissements de sa filiale, qui a justement été créée pour faire baisser les coûts à tout prix, avec la peau des travailleurs.

Plusieurs grèves ont déjà eu lieu chez Sferis. La lutte est en effet le seul moyen d’imposer le respect des droits les plus élémentaires.

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