Violences policières : des images accablantes24/06/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/06/2708.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Violences policières : des images accablantes

Des vidéos de l’arrestation de Cédric Chouviat, le 3 janvier dernier, ont été rendues publiques ces derniers jours. On y entend ce livreur de 42 ans, plaqué au sol sur le ventre à l’issue d’un contrôle routier, dire « j’étouffe » à plusieurs reprises. Tombé dans le coma durant cette arrestation, il décédait deux jours plus tard à l’hôpital, des suites de l’asphyxie, accompagnée d’une fracture du larynx.

Du côté de la police, on explique que Cédric Chouviat ne se laissait pas faire et s’était même montré insultant. Comme si cela pouvait justifier la mort d’un homme désarmé dont les insultes les plus graves ont été « clown » et « pauvre type » ! Mais peu importe, il s’agit de soutenir que les policiers ne sont pas coupables de cette mort et que c’est la victime qui a eu le tort de protester et de ne pas se soumettre sans faire d’histoires.

Les « J’étouffe » répétés par Cédric Chouviat résonnent d’autant plus fortement qu’ils font écho au « I can’t breathe » de George Floyd, lui aussi assassiné lors d’un contrôle policier, aux États-Unis cette fois, et à l’origine de la vague de mobilisation contre le racisme et les violences policières.

En France comme aux États-Unis, le mépris et le racisme des forces de police envers les petites gens sont permanents. Ils s’expriment dans les attitudes et les propos des policiers, des contrôles au faciès au tutoiement, en passant par les amendes distribuées pour « montrer qui commande ». Et parfois ce mépris est mortel.

C’est pour le dénoncer qu’un collectif d’artistes de Stains, en banlieue parisienne, a réalisé une fresque « Contre le racisme et les violences policières », représentant George Floyd et Adama Traoré, jeune Noir mort lors de son arrestation par les gendarmes en région parisienne, il y a quatre ans.

Un syndicat de police est monté au créneau pour dénoncer la « stigmatisation » que cette fresque ferait peser sur les policiers. Et il a obtenu du préfet de Seine-Saint-Denis qu’il exige l’effacement de l’adjectif « policières » de la fresque ! Du côté des politiciens, Éric Ciotti propose carrément d’interdire la diffusion d’images mettant en cause la police et nuisant ainsi à sa réputation. Ceux qui jouent le rôle de chiens de garde de cette société, de ses injustices et de ses inégalités, sont ainsi de nouveau assurés que leurs actions seront couvertes par leurs maîtres.

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