Dans les entreprises

Renault Trucks : le scandale des suppressions d’emplois

Le groupe Volvo, dont Renault Trucks est une filiale, a annoncé le 16 juin un plan mondial de suppression de 4 100 postes, dont 463 en France, essentiellement sur ses sites lyonnais de Vénissieux et Saint-Priest.

La direction affirme que ces départs concerneront des cadres, employés ou techniciens (Atam), et qu’ils se feront uniquement au volontariat dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective. Elle cherche à obtenir l’aval des organisations syndicales en leur faisant signer un accord. Mais beaucoup de travailleurs savent qu’à défaut d’avoir assez de volontaires pour le départ, elle se donnera les moyens de l’imposer.

Pour justifier son plan, la direction met en avant le ralentissement de l’activité dû au Covid. Mais cette baisse d’activité dans les bureaux des Études et Recherche, où sont prévues la plupart des suppressions d’emplois, a été accentuée par l’arrêt délibéré de projets. Dès la mi-mars, la direction avait massivement basculé les travailleurs en chômage partiel, dans les ateliers comme dans les bureaux, y compris parmi ceux déjà en télétravail. Les travailleurs directement concernés par les suppressions de postes sont toujours en télétravail et donc absents de l’entreprise.

Depuis le début du Covid, Renault Trucks a supprimé d’autres postes : en mars, près de 1 000 prestataires ont été renvoyés dans leur entreprise, dont 340 du secteur Études et Recherche. C’est une façon de sous-traiter les suppressions d’emplois. La même logique est appliquée avec ce plan. La direction annonce qu’une centaine de postes pourraient être sauvés en créant à Lyon des postes de prestataires pour une filiale de Renault Trucks, Arquus, qui est l’ex-Renault Trucks Defense. Mais la contrepartie sera la suppression d’autant de postes chez Arquus en région parisienne.

Après l’annonce de ce plan, beaucoup d’ouvriers pensent avoir échappé au pire, car il ne les vise pas immédiatement. Mais les licenciements ont déjà commencé de fait dans les ateliers, avec la diminution du nombre d’intérimaires. Pendant la période de confinement, un accord sur l’indemnisation du chômage partiel avait été signé par toutes les organisations syndicales. Au nom de la solidarité , il baissait le salaire des cadres pour augmenter l’indemnisation des Atam et des ouvriers. C’est maintenant aux cadres que la direction s’attaque. Alors, quel que soit leur statut, les travailleurs n’ont pas à subir les conséquences d’une crise dont ils ne sont en rien responsables.

Plus d’un mois après le déconfinement, des salariés continuent de chômer un ou plusieurs jours par semaine, tandis que d’autres, ou les mêmes, alternent télétravail et présence. Renault Trucks use et abuse ainsi du financement par l’État d’une partie importante de la masse salariale, d’un côté. De l’autre, elle supprime des postes et participe à l’augmentation du nombre de chômeurs.

Les actionnaires du groupe Volvo ont accumulé des milliards de bénéfices depuis des années. Quant à la filiale Renault Trucks, elle a largement profité du CICE et autres subventions versées au patronat. Tout cet argent doit servir à maintenir tous les emplois.

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