Dans les entreprises

Mediator : le cynisme de Servier

Mardi 23 juin, les réquisitions contre les laboratoires Servier et l’Agence du médicament ont débuté, dans le cadre du procès du Mediator. Le jugement devrait être prononcé le 6 juillet.

On sera ainsi peut-être parvenu à la conclusion d’un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières années. Les responsables seront peut-être condamnés à de la prison ferme, comme le numéro deux des laboratoires Servier, Jean-Philippe Seta. Quant à l’Agence du médicament, nom de l’autorité sanitaire de contrôle de l’époque, c’est pour ne pas avoir fait son travail scientifique de surveillance qu’elle s’est retrouvée sur le banc des accusés.

Le scandale du Mediator a éclaté grâce aux efforts d’une pneumologue, le docteur Irène Frachon qui, la première, a fait le lien entre ce médicament et des décès liés à des pathologies cardiaques. Commercialisé pendant plus de trente ans, de 1976 à 2009, date de son retrait du marché, il était largement prescrit comme antidiabétique et remboursé par la Sécurité sociale. Les laboratoires Servier, accusés d’avoir sciemment dissimulé les effets toxiques du Mediator, sont poursuivis pour « tromperie aggravée », « escroquerie » et « homicides et blessures involontaires ». On estime que le Mediator serait responsable de 1 500 à 2 000 décès.

Pendant ces trente ans, le Mediator aura été prescrit à près de cinq millions de malades ignorants des risques. Pour eux ce furent des années de souffrance, pendant que Servier et ses actionnaires encaissaient des profits.

Servier sera sans doute condamné à indemniser un peu ses victimes. Reste aussi qu’il aura atteint ses objectifs industriels, à savoir faire de ses médicaments des pilules en or.

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