Dans les entreprises

Bombardier – Crespin : les grévistes ont fait reculer la direction !

Avec un chiffre d’affaires de 813 millions d’euros l’an dernier et des carnets de commandes de trains pleins pour les années à venir, les affaires vont bien pour les patrons du site de Bombardier à Crespin, dans le Nord.

Le directeur du site annonçait même dans ses vœux de 2019 vouloir dépasser Alstom dans le secteur de la production ferroviaire. C’était quelques semaines avant l’annonce du rachat de Bombardier Transport par... Alstom lui-même.

Les calculs des uns et des autres dans la concurrence capitaliste ne sont pas toujours faciles à suivre. Quand il y a des contrats et de l’argent à prendre, les adversaires d’hier s’associent parfois pour rafler la mise. Mais c’est aux dépens des travailleurs et en cherchant à accroître en permanence l’exploitation que les patrons avancent leurs pions.

La direction a dû fermer le site pendant près de deux mois à cause de l’épidémie de Covid-19. Au redémarrage, elle a utilisé le prétexte du retard dans la production et les livraisons de train pour justifier une série d’attaques.

Elle prévoyait notamment d’imposer une semaine de travail supplémentaire à la place de la première semaine de congé prévue cet été. Et tant pis pour ceux qui ont déjà organisé leurs vacances après avoir été enfermés pendant deux mois !

À cela s’ajoutent les annonces de samedis travaillés, la prévision d’une montée en cadence à 60 heures par semaine, les jours de RTT volés pendant le confinement et le refus de compléter le chômage partiel versé par l’État durant la fermeture.

Depuis le jeudi 4 juin, débrayages et grèves se sont répétés pour protester contre ces reculs. Plus de 300 travailleurs des différentes équipes (celles postées et de journée) y ont participé et ont occupé à tour de rôle le boulevard qui dessert l’usine.

Un mécontentement général s’est exprimé. Les cadences restent les mêmes malgré la chaleur et le port du masque obligatoire. Les chefs invoquent le respect des gestes barrières comme prétexte pour augmenter la pression.

Et puis beaucoup se méfient du double jeu de la direction : ne cherche-t-elle pas à récupérer tout ce qu’elle peut avant la vente du site ? Certains se demandent même si la semaine de travail supplémentaire n’est pas une simple annonce à destination de clients comme la SNCF qui attendent leur commande. En effet, certains samedis travaillés, les pièces d’assemblage n’arrivent pas à temps et on rentre chez soi après quelques heures d’attente…

Parmi les grévistes, des intérimaires en contrat de 18 mois dans l’usine se sont mobilisés. Eux non plus ne veulent pas baisser la tête alors qu’on leur demande de tout accepter en échange d’une hypothétique embauche. La direction leur donne même un bleu différent pour mieux diviser.

Finalement, le 15 juin, après dix jours de mobilisation, la direction a reculé sur le vol des congés. C’est un premier succès. Pour le patronat, il est clair que le monde d’après comporte davantage d’exploitation. Imposer un rapport de force comme l’ont fait les travailleurs de Bombardier est la meilleure réponse.

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