Sans-papiers : des travailleurs qui relèvent la tête03/06/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/06/P5_Manif_sans-papiers_30_mai_ambiance_C_Serge_DIgnazio.JPG.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-papiers : des travailleurs qui relèvent la tête

En participant massivement aux Marches de la solidarité organisées le 30 mai à Paris et dans plusieurs villes de province, malgré l’interdiction, la présence policière et les risques encourus, des milliers de travailleurs sans papiers ont décidé de sortir de l’ombre pour exiger leur régularisation.

Illustration - des travailleurs qui relèvent la tête

Livreurs à vélo ou en scooter, travailleuses et travailleurs du nettoyage, agents de sécurité, aides à domicile, éboueurs, plongeurs dans la restauration, manœuvres dans le bâtiment, saisonniers dans l’agriculture, voilà quelques-uns des emplois vitaux assurés par les travailleurs immigrés souvent sans papiers. Certains ont continué à travailler pendant tout le confinement pour livrer midi et soir, la peur au ventre, des repas pour le compte de Deliveroo, Uber, Frichti ou d’autres plateformes.

Mal payés, souvent exploités en sous-traitance, sans contrat, obligés de se battre pour toucher leur salaire, ils ont circulé à Paris en risquant, pire que le Covid-19, les contrôles de policiers exigeant attestation dérogatoire et papiers d’identité en règle. Le confinement, avec la fermeture des restaurants, des chantiers, des aéroports, en a privé beaucoup d’autres de tout emploi, déclaré ou pas, les privant de tout revenu puisque leur précarité les empêchait de bénéficier du chômage partiel ou d’autres dispositifs gouvernementaux.

À la précarité de l’emploi s’ajoute pour ces damnés de la terre la précarité du logement. Ils sont contraints de s’entasser dans des foyers surpeuplés où les mesures d’hygiène et la distanciation physique sont difficiles à respecter. D’autres doivent en passer par des marchands de sommeil qui exigent un loyer exorbitant pour un logement insalubre. Ils partagent ces conditions de vie et de travail difficiles avec d’autres travailleurs des banlieues parisiennes ou des grandes villes. Mais l’absence de titre de séjour, en exacerbant leur précarité, aggrave leur situation.

C’est pourquoi un si grand nombre d’entre eux a choisi de descendre dans la rue, alors même que les manifestations restent interdites. Ils voulaient exprimer leur colère : ils sont là depuis 10 ou 15 ans, ils paient leur loyer, ils assurent des emplois vitaux, ils ont été en première ligne depuis trois mois, ils doivent être régularisés. Ils ont entièrement raison et le combat qu’ils ont entrepris en s’organisant pour obtenir des papiers, doit être aussi celui de tous les travailleurs.

Il ne faut pas laisser patronat et gouvernement faciliter l’exploitation des sans-papiers en refusant de les régulariser et en leur imposant des horaires à rallonge pour des salaires de misère, et ainsi diviser les travailleurs et affaiblir leur camp. Régularisation de tous les sans-papiers !

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