MCA – Maubeuge : une mobilisation massive03/06/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/06/2705.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MCA – Maubeuge : une mobilisation massive

Plusieurs milliers de personnes ont défilé entre le parking de l’usine MCA et l’hôtel de ville de Maubeuge samedi 30 mai, pour protester contre le projet, annoncé par Renault dans le cadre de son plan d’économies de deux milliards d’euros, de transférer l’assemblage de la Kangoo sur le site de Douai.

L’entreprise compte actuellement 2 200 salariés, dont plus de 600 en intérim, CDD ou autres contrats précaires. La réorganisation envisagée aurait conduit à laisser seulement sur le site de Maubeuge les activités d’emboutissage, avec 300 emplois environ.

Les projets de Renault ont commencé à filtrer par voie de presse le lundi 25 mai, suscitant d’abord la stupeur et l’incrédulité. En effet, tout le monde avait encore en tête la visite, en novembre 2 018, de Macron et de Ghosn, alors PDG de Renault, venus promettre le lancement d’un nouveau modèle de la Kangoo, 450 millions d’euros d’investissement et 200 embauches.

Quand la confirmation officielle est tombée le vendredi 29 mai, c’est la révolte qui s’est exprimée. Les travailleurs ont été nombreux à faire grève et la production était totalement à l’arrêt. Appelée par l’ensemble des syndicats et les élus du bassin de la Sambre, la manifestation s’est organisée très rapidement. La mobilisation des travailleurs de MCA a été massive, beaucoup venant avec des proches, des amis, des parents. L’annonce a suscité de l’émotion bien au-delà des seuls travailleurs de l’usine, car tout le monde connaît quelqu’un qui a travaillé ou travaille encore dans cette entreprise. Au travers de la sous-traitance, plusieurs milliers d’emplois dépendent directement de MCA. Les conséquences seraient donc catastrophiques pour une région qui connaît déjà un des taux de chômage parmi les plus élevés du Nord.

Mardi 2 juin, la production n’a pas repris, car tout le monde était dans l’attente du résultat des négociations qui avaient lieu au ministère des Finances, à Bercy. À leur sortie, les représentants de l’intersyndicale et les élus locaux ont annoncé avoir obtenu l’assurance que la production de la Kangoo serait maintenue à Maubeuge jusqu’en 2 023. Et qu’au-delà aucun transfert n’aurait lieu sans la mise en place d’un projet industriel alternatif.

Alors que, dans un premier temps, Macron s’était contenté de promettre la garantie d’emploi dans le groupe, en se mobilisant et en montrant qu’ils ne sont pas prêts à se laisser faire, les travailleurs de MCA ont obligé Renault et le gouvernement à changer de ton. Mais ils n’ont rien obtenu d’autre pour le moment que des assurances verbales sur le maintien de l’emploi à Maubeuge, alors que Renault vient de montrer ce que valaient ses promesses. Sans compter que Renault, qui maintient ses objectifs d’économies pour pouvoir satisfaire ses actionnaires, cherchera à imposer des contreparties aux dépens des travailleurs, de leur salaire et de leurs jours de congés, comme cela s’est fait récemment pour payer le chômage partiel.

Le 3 juin au matin, lors d’une assemblée, les représentants de l’intersyndicale ont appelé à la reprise du travail en déclarant que les salariés devraient désormais produire en se montrant « à la hauteur », autrement dit en répondant aux exigences de la direction. Mais se fier à celle-ci et à ses éventuelles promesses serait une erreur. Pour se défendre, les travailleurs devront rester mobilisés et prêts à continuer la lutte avec l’ensemble de la classe ouvrière et avec tous ceux du groupe Renault, sans se laiser diviser entre les différents sites en fonction du modèle à produire.

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