EHPAD : le pire a-t-il été évité ?03/06/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/06/2705.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EHPAD : le pire a-t-il été évité ?

Depuis le début de l’épidémie, le président, le Premier ministre ou le ministre de la Santé n’ont pas manqué une occasion de rappeler la nécessité de protéger les plus vulnérables, et en particulier les personnes âgées. Le bilan qui peut commencer à être tiré sur ce point montre que c’est l’inverse qui s’est produit.

Les visites dans les Ehpad ont été interdites le 13 mars, et les résidents ont été confinés ensuite chacun dans leur chambre avec, comme seuls contacts humains, un personnel pas assez nombreux, qui a longtemps manqué de matériel de protection puisque, au départ, seul l’hôpital était prioritaire. Ce n’est que le 22 mars que des masques ont été promis au personnel par le ministre de la Santé, et ils ont souvent mis beaucoup plus longtemps à arriver. La situation dans certaines maisons de retraite a alors tourné au cauchemar, tant pour les soignants que pour les résidents. Loin d’y éviter l’épidémie, la politique menée a transformé les Ehpad en foyers pour celle-ci. À Paris par exemple, la moitié environ des 7 000 résidents ont finalement été testés positifs au Covid et près d’un sur dix en est décédé. À la maladie s’est ajoutée la détresse psychologique de bien des personnes âgées, qui se sont retrouvées coupées de leurs proches et même de toute vie sociale.

Les visites ont été autorisées dans des conditions très restreintes le 19 avril, et le déconfinement n’a rien changé sur ce point. L’étau devrait se desserrer un peu, puisque les résidents vont maintenant pouvoir recevoir deux personnes dans leur chambre sous la surveillance d’un membre du personnel.

Selon les chiffres officiels, la moitié des personnes décédées de la maladie vivaient en Ehpad. Un grand nombre de familles veulent aujourd’hui porter plainte. Si des procès ont lieu, ils mettront peut-être en lumière les conditions indignes dans lesquelles ces personnes âgées sont mortes et les responsabilités des propriétaires des Ehpad et des politiques qui, à part de belles paroles, n’ont rien fait pour empêcher la catastrophe de se produire.

Quant au scandale des Ehpad et de la façon dont les personnes âgées dépendantes sont accueillies dans des structures souvent gérées par des capitaux privés , avec pour seul objectif le profit, tant de fois dénoncé par leur personnel bien avant la crise du coronavirus, combien de temps encore va-t-il continuer ?

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