Leur société

Collectivités locales : frappées par la crise et le gouvernement

Les collectivités locales, dont les finances sont déjà souvent mal en point, ont vu la crise sanitaire aggraver leur situation. C’est vrai en premier lieu dans les départements qui concentrent une forte proportion de travailleurs précaires.

L’ADF (Assemblée des départements de France) vient ainsi de publier des statistiques sur l’augmentation du nombre des personnes touchant le revenu de solidarité active (RSA).

Depuis le début du confinement, il y a 2,4 % d’allocataires du RSA en plus dans l’Eure, 5 % dans le Bas-Rhin et 10 % en Meurthe-et-Moselle ou en Seine-Saint-Denis. Ces deux départements, parmi les plus ouvriers du pays, arrivent en tête du classement, et cela n’a rien d’étonnant.

Le RSA peut être attribué à des travailleurs de plus de 25 ans ayant perdu leur emploi, mais n’ayant pas assez cotisé pour avoir droit aux allocations chômage. Ce sont donc des précaires qui cumulaient les petits jobs, les CDD, les missions d’intérim coupées de périodes de chômage, les vacations à l’heure, qui se retrouvent n’avoir que le RSA pour vivre. Ou plutôt pour survivre, car son montant, même revalorisé au 1er avril, n’est que de 564,78 euros pour une personne seule et de 847,17 euros pour un couple sans enfant.

Ces travailleurs ont été les premiers à perdre massivement leur emploi avec la crise du Covid-19. Or ils ne résident évidemment pas dans les beaux quartiers et les banlieues chic, et ce sont les communes et départements populaires où ils habitent qui, déjà les plus éprouvés par les multiples contrecoups de cette crise, doivent faire face à l’explosion des dépenses sociales. Ces communes doivent fournir ici une aide alimentaire, là des subsides à des familles qui n’ont plus aucun revenu. Et bien sûr, alors que les départements ouvriers comptaient déjà avant la crise le plus grand nombre d’allocataires du RSA, ce sont encore eux qui doivent subir sa montée en flèche. Résultat, ils peuvent de moins en moins assurer certaines dépenses sociales – subventions aux cantines scolaires, au logement, secours d’urgence, etc. –, ce dont les plus pauvres de leurs habitants sont les principales victimes.

En janvier 2003, quand le gouvernement Raffarin avait instauré le RSA, il s’en était déchargé sur les départements. Il avait promis de leur rembourser « à l’euro près » ce qu’ils verseraient à ce titre. En 2020, le gouvernement leur en rend à peine plus de la moitié. La charge est de plus en plus écrasante avec l’explosion combinée de la précarité et du chômage.

Et cela ne va pas de s’améliorer, car l’État de la bourgeoisie ne sait plus quoi inventer pour présenter aux classes laborieuses l’addition de la crise sociale et économique. Ainsi, le 29 mai, Édouard Philippe a annoncé en fanfare « un plan de soutien massif aux collectivités locales ». Elles devraient recevoir 4,5 milliards d’euros, dont 2,7 milliards pour les départements. Pourtant, selon le rapport du député Jean-René Cazeneuve, peu suspect de noircir le tableau car il est macroniste, ces mêmes collectivités vont perdre 7,5 milliards en 2020 !

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