Dans les entreprises

CGT : face à la crise, quelles perspectives ?

Devant la catastrophe sociale qui commence, devant les explosions de colère ouvrière qui s’annoncent, que propose la CGT ? La confédération dénonçant cette crise comme « systémique » affirme qu’elle ne peut trouver de solution que par une profonde transformation et évoque « un monde à reconstruire ».

Mais comment le reconstruire ? On cherche la réponse. Dans un texte signé avec les autres centrales françaises et la centrale allemande DGB après la proposition de relance de Macron et Merkel, l’argumentaire syndical se distingue à peine de celui des deux chefs d’État. Au fond il ne propose aux travailleurs que de compter sur le maintien de la construction européenne et sur les gouvernements en place.

Un autre appel, signé par la CGT et de multiples associations citoyennes, écologistes, etc., suivi des « 34 mesures pour sortir de la crise » et publié le 20 mai, est plus détaillé. Il contient par exemple une revendication comme « Interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices », mais reste muet sur le moyen d’action pour la faire aboutir, si ce n’est en discuter.

Enfin, un texte de la seule CGT, « Le progrès social et environnemental, c’est possible et urgent », parle plus directement des problèmes des travailleurs mais montre que la même logique guide la Confédération. La crise serait la conséquence des politiques menées par des gouvernements sous l’emprise de l’idéologie néolibérale. Il faudrait donc faire pression sur ces gouvernements pour qu’ils « changent de logiciel », suivant l’expression journalistique à la mode. Et la direction de la CGT d’exiger que « des enseignements soient tirés », que ses propositions soient mises « en débat », de demander aux gouvernements de faire du neuf.

Si telle est la perspective, le « monde d’après » risque d’être bien semblable au « monde d’avant ». Il fut un temps pourtant, bien lointain il est vrai, où la CGT ne demandait pas aux gouvernements et au patronat de changer de logiciel, mais organisait les travailleurs pour se battre, faire valoir leurs droits, avec l’objectif final d’abolir la propriété privée. Car la politique du capital n’est pas dictée par les langueurs conjoncturelles de ses représentants politiques mais par les nécessités de la course au profit. Et, en période de crise, le maintien des profits exige une guerre du patronat contre les travailleurs, que le pantin agité sur le devant de la scène soit Macron, Trump ou un autre.

Face à la crise, les travailleurs auront à se battre en tant que classe, sans faire aucune confiance ni au patronat ni à aucun de ses représentants politiques. Si une confédération syndicale, si des militants syndicaux ont une utilité, c’est pour propager cette idée et aider à la mettre en pratique.

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