Allemagne : l’extrême droite défend la liberté d’exploiter27/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2704.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : l’extrême droite défend la liberté d’exploiter

Chaque semaine, des rassemblements ont lieu en Allemagne contre les restrictions destinées à limiter la propagation du Covid-19. À part dans deux ou trois villes où ils réunissent quelques milliers de manifestants, ils restent très réduits.

Les seules restrictions encore en vigueur sont la distanciation physique et le port du masque dans les lieux fermés et les transports. Du coup, la virulence des protestations a de quoi laisser perplexe, de même que le mélange incongru des participants, avec des black blocs et autonomes, des personnes contestant la gravité voire l’existence du coronavirus, des adeptes de théories complotistes, et toujours plus de militants d’extrême droite et identitaires. Des personnes apolitiques, venues parfois en famille, manifestent aussi, inquiètes pour les libertés publiques. Sur leurs pancartes, les manifestants brocardent l’obligation de port du masque comme une atteinte insupportable, certains allant jusqu’à revendiquer la liberté d’être contaminé !

Beaucoup ont le sentiment que l’épidémie est derrière eux. Mais en réalité ce n’est pas le cas, notamment pour la classe ouvrière. Depuis le déconfinement, les entreprises sont en effet parmi les principaux nouveaux foyers du virus.

Au total, près de mille ouvriers des abattoirs ont été infectés, dont plusieurs dizaines ont dû être hospitalisés. En général originaires d’Europe de l’Est, ces ouvriers surexploités travaillent parfois jusqu’à seize heures par jour et n’ont souvent comme hébergement qu’un simple matelas dans un dortoir. Ces conditions inhumaines sont idéales pour le virus comme pour les profits des grandes enseignes de la viande.

Des foyers épidémiques sont apparus également parmi d’autres catégories de travailleurs, souvent également d’origine étrangère : ouvriers du bâtiment, ouvriers agricoles, de la logistique ou de la grande distribution. Des foyers de réfugiés ont été touchés, ainsi que ceux – femmes de ménage, soignants et malades – qui fréquentent les hôpitaux et les hospices où il faut continuer à se battre pour obtenir un minimum de protections.

L’extrême droite noyaute ces manifestations pour tenter d’avancer ses pions dans une situation où l’inquiétude domine et alors qu’elle a eu du mal à occuper le terrain au plus fort de la crise. Elle se positionne en futur porte-parole de la fraction de la petite-bourgeoisie, commerçants, restaurateurs, petits patrons, qui, pour faire face à ses problèmes économiques, revendique l’abolition de toute restriction. Cette extrême droite qui se prétend représentante des petites gens montre ainsi ce qu’elle est réellement : bien en phase avec le système capitaliste du chacun pour soi, et fondamentalement anti-ouvrière, elle défend la liberté de contaminer son voisin et la liberté d’exploiter sans contrainte.

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