Hôpitaux de Paris : la colère se déconfine19/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2703.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Paris : la colère se déconfine

Lors de sa première visite à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris AP-HP), le 27 février, Emmanuel Macron avait promis de revenir. Il l’a fait vendredi 15 mai. Mais s’il comptait sur des congratulations, il en a été pour ses frais. Le personnel des urgences et d’autres services lui a fermement exprimé son mécontentement.

Le déconfinement n’entraîne pas l’apathie des hospitaliers, au contraire, comme le montrent les manifestations hebdomadaires, appelées « Je dis Colère » à l’hôpital Robert-Debré.

L’annonce d’une décoration attribuée à l’ensemble du personnel a été prise comme une provocation. Après avoir laissé les hospitaliers se débrouiller avec peu de moyens, peu de masques, peu de tenues durant des semaines, le gouvernement ne peut s’en tirer avec cette médaille en chocolat.

Depuis plus d’un an, le personnel des hôpitaux est mobilisé, aux urgences par une grève reconductible, puis, à l’appel des médecins du Collectif inter-hospitalier, dans l’ensemble des services. La crise sanitaire a démontré combien les mots d’ordre de ces luttes sont justifiés.

L’embauche est au premier plan des préoccupations. Contre l’épidémie, les hôpitaux de l’AP-HP n’ont tenu que grâce à l’apport de plus de 7 000 renforts, pour 52 000 salariés permanents. Et il faut comprendre qu’une grande partie de l’activité habituelle des établissements a été, dans le même temps, reportée ou supprimée pour faire place aux malades du Covid-19. Maintenant que la vague du virus décroît, les autres patients reviennent ; la charge de travail redevient « traditionnelle », mais ne diminue pas. C’est la démonstration que les milliers de renforts étaient en plus, mais pas en trop, et qu’il faudrait les garder en temps normal.

Mais apparemment, Olivier Véran n’a pas prévu l’embauche à l’ordre du jour du « Ségur de la Santé » qu’il convoque à partir du 25 mai à son ministère, Avenue de Ségur à Paris. Il semble ne vouloir parler que d’une réforme des 35 heures, ce qui mécontente déjà toutes les organisations invitées à cette négociation.

Olivier Véran prétend tout au moins avoir enfin compris que, pour rendre attractifs les métiers de la santé, une revalorisation importante des salaires s’impose. Ce point-là serait bien à l’ordre du jour de cette réunion. Le gouvernement s’inquiète que nombre de jeunes soignants, épuisés par le travail durant l’épidémie, démissionnent, augmentant la pénurie d’effectifs.

En tout cas, dans les services, les hospitaliers n’ont plus la moindre gêne à proclamer qu’ils veulent une augmentation de salaire. Ils réclament 300 euros ou davantage, sans scrupules et sans division. La crise sanitaire, en mélangeant équipes et catégories, a renforcé le sentiment né dans les luttes précédentes, que les hospitaliers, les médecins, et tout le personnel doivent combattre ensemble comme ils travaillent ensemble.

À côté de la courbe des infections, qui diminue, le gouvernement aura peut-être à se préoccuper de l’explosion de la courbe des luttes !

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