ADP – Roissy : décors cache-misère19/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2703.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ADP – Roissy : décors cache-misère

Dans la semaine qui a suivi le déconfinement, le trafic de l’aéroport de Roissy est resté très faible avec environ 10 000 passagers par jour contre 200 000 en temps normal.

Après deux mois sans trafic et une reprise très progressive, Aéroports de Paris (ADP) avait eu le temps de se préparer sereinement et de prendre toutes les mesures nécessaires.

D’ailleurs toute la semaine, les directeurs, accompagnés de ministres, ont pavoisé dans l’aéroport et sur les chaînes de télévision pour présenter les douze nouvelles caméras thermiques et les quelques distributeurs de gel installés. L’objectif était de rendre, avec la complicité de l’État, confiance aux passagers et de donner l’impression que la direction avait la situation en main. Mais derrière cette mise en scène, la réalité est tout autre.

Le dimanche 10 mai à 22 heures, la veille du déconfinement, la direction se réveillait et se rendait compte que les affiches signalant le port du masque obligatoire n’étaient toujours pas placardées. Petit problème, avec 85 % du personnel au chômage, il n’y avait plus beaucoup de travailleurs à cette heure-là. Les agents de sécurité incendie (SSIAP) ont donc été appelés à la rescousse et ont dû passer une bonne partie de la nuit à poser ces affiches dans l’ensemble des terminaux.

D’autre part, la direction avait annoncé que des kits personnels contenant gel, masques, lingettes et gants pour un mois seraient dorénavant disponibles, alors que jusque-là, les travailleurs devaient demander chaque jour à leur cadre trois masques pour 12 heures de vacation. Mais le vendredi 15 mai, c’était déjà la pénurie : il n’y avait plus de kits !

Ce même vendredi, à 7 h 30, au terminal 2E, c’était la cohue. La raison ? Trois vols long-courrier étaient programmés à la même heure, alors qu’une vingtaine de vols seulement étaient prévus pour la journée. Avec le chômage partiel, le personnel pour enregistrer les bagages était insuffisant. Les passagers agglutinés s’énervant de cette désorganisation et des risques sanitaires encourus juste avant d’embarquer dans l’avion, la police était appelée en renfort.

Si la direction d’ADP fait preuve d’un tel amateurisme, c’est parce qu’elle ne se préoccupe que de faire reprendre le trafic afin que l’argent rentre. Cela pourrait prêter à rire si les conséquences n’étaient pas dramatiques : depuis le début de l’épidémie, plusieurs travailleurs de la zone aéroportuaire sont décédés du Covid-19.

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