Dans les entreprises

RATP BUS : déconfinement, l’envers du décor

Pour assurer le volet « transports » du déconfinement, la direction de la RATP doit jongler avec des problèmes qui la dépassent, notamment la liberté laissée aux patrons de déterminer chacun dans leur coin quand et combien de salariés devront prendre les transports. Mais elle aborde la situation comme n’importe quelle entreprise : il s’agit avant tout de relancer la production.

Les ouvriers des ateliers, un secteur touché par les baisses d’effectif et par la dégradation continue de l’état des véhicules, ont eu une semaine pour mettre le parc en situation de supporter la hausse du trafic. Le retour des prises de travail des conducteurs en dehors du dépôt et des services coupés par plusieurs heures de pause, augmentent l’occupation des terminus. Mais la direction, qui ne manque pas d’air, continue de préconiser que les travailleurs s’isolent pour prendre leurs pauses…

La direction maintient la distribution de lingettes et de masques aux conducteurs de bus, obtenue après bien des protestations des travailleurs. Elle a même rendu le port du masque obligatoire, après avoir menacé de sanction des conducteurs qui venaient travailler avec leurs propres masques. Mais, concernant le respect des mesures barrières, la direction en est réduite à peu de choses. Les autocollants condamnant un siège sur deux ou les marquages au sol n’empêcheront pas ceux qui ont besoin d’aller travailler ou chercher leurs enfants de prendre le bus de toute façon. L’ouverture systématique des portes pour éviter l’usage du bouton d’arrêt apparaît bien dérisoire quand les bus sont bondés, tout comme les annonces vocales sur le respect des mesures barrières.

La RATP fait grand cas de l’application quotidienne d’un nouveau procédé de désinfection par vaporisation, la « nébulisation ». Cependant, l’entreprise qui se charge de l’opération ne certifie son efficacité que sur les surfaces propres, alors que les bus ne seront nettoyés qu’une fois par semaine…

Comment vont réagir des passagers angoissés par l’insécurité de ces conditions de transport ? La direction garantit que ce ne sera pas aux chauffeurs de se charger du respect des obligations de port du masque ou de la distanciation, mais cela ne règle pas le problème. Les dirigeants de l’entreprise se disent prêts à fermer certaines lignes. On est en tout cas bien loin des discours rassurants sur la rigueur et le haut niveau de préparation du déconfinement.

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