PSA : redécouverte du travail à domicile13/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2702.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA : redécouverte du travail à domicile

« À chaque crise, il y a des opportunités à saisir », c’est de cette manière que le DRH de PSA a lancé son projet, qui est selon lui une révolution dans l’organisation du travail pour ceux qui opèrent devant un ordinateur.

Désormais, PSA voudrait imposer au salarié de travailler à son domicile en moyenne quatre jours sur cinq. Un certain nombre d’autres grandes entreprises (banques, assurances) regardent du côté de ce projet PSA, tant il parait intéressant du point de vue du patronat.

Durant deux mois, des dizaines de milliers de salariés sont restés confinés à leur domicile et ont continué à travailler à distance, par nécessité. PSA envisage de continuer à faire de cette organisation du travail la norme parce qu’elle sert les intérêts des actionnaires. Car cette idée permettrait des gains financiers gigantesques en matière d’immobilier, et donc aussi en matière d’impôts fonciers. Plus besoin de grandes tours de bureaux si les 4/5e des salariés travaillent chez eux. Plus besoin d’un espace de restauration qui ne sert que deux heures par jour. Sans parler des économies énormes sur les frais de fonctionnement des bâtiments, chauffage, climatisation, entretien, ménage.

Par contre, pour les salariés, le projet de PSA est en quelque sorte un retour au travail à domicile comme l’ont connu les générations lointaines de travailleurs. Et plus dangereux, il peut casser les liens collectifs que les salariés créent naturellement entre eux en travaillant sur un même site. Il peut aggraver l’individualisation du travail, le danger que le salarié, chez lui, devant son ordinateur, se retrouve seul face à son supérieur hiérarchique.

Évidemment, PSA met en avant des arguments qui peuvent toucher bien des travailleurs. Le télétravail permet d’économiser le temps de transport et peut ainsi offrir un meilleur confort pour le salarié. Mais s’il est vrai que deux ou trois heures de transport peuvent disparaître, il est également certain que la pression à la rentabilité sur le salarié va s’accroître. La hiérarchie saura utiliser ce gain de temps pour faire pression, pour faire finir dans les temps le travail demandé. Certains travailleurs, entre autres ceux qui habitent en pavillon dans un cadre confortable et agréable, seront peut-être plus enclins au début à être d’accord avec ce système. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Ceux qui vivent dans des logements plus petits, dans des immeubles moins bien isolés, subiront autrement ce télétravail. Car le système de PSA prévoit que l’on passe à quatre jours sur cinq, durant sept à huit heures par jour, coincé à domicile.

À partir du moment où les patrons sont à l’origine de cette proposition, il n’y a rien de bon à en attendre. Ils ne peuvent envisager de l’utiliser qu’en fonction de leurs intérêts et donc contre ceux des travailleurs. Tant que ce sont les capitalistes qui dirigent la société, ils agiront dans ce sens. Quant aux travailleurs, leur intérêt est d’opposer leur solidarité à cette domination. À distance ou pas, c’est toujours l’exploitation qu’il faut combattre.

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