La société en crise

Loyers : des mesures de classe

Le ministre du Logement, Denormandie, a annoncé que la trêve hivernale serait prolongée jusqu’à fin juillet. Il s’agit de sa deuxième prolongation depuis le début de la crise du Covid-19. Si elle laissera peut-être un court répit à certains, cette mesure ne s’attaque pas du tout au problème de fond : la question de l’annulation des loyers.

Pour les classes populaires, payer son logement est un problème permanent aussi vital que douloureux. Au fil des années et des attaques contre la population laborieuse, cette difficulté s’est accrue, le loyer prenant une place de plus en plus grande dans les dépenses des familles. Parallèlement, le nombre de mal-logés a fini par atteindre 4 millions de personnes en 2019 en France, d’après la Fondation Abbé-Pierre.

Cette situation est due à la pénurie de logements à loyer abordable d’un côté et à la baisse des salaires et allocations des familles ouvrières de l’autre. La pénurie de logements n’a pas cessé de s’aggraver ces dernières années, entraînant de surcroît les loyers vers le haut, à la satisfaction des propriétaires. Les gouvernements qui se sont succédé, loin de chercher à enrayer la pénurie, l’ont au contraire accompagnée. Ils ont limité les constructions et ont pris des mesures fiscales avantageuses pour les propriétaires. Ceux-ci gagnaient ainsi sur toute la ligne, contrairement aux locataires.

La crise du coronavirus a brutalement aggravé cette situation déjà dramatique. Si les travailleurs en CDI ont vu leur revenu baisser de l’ordre de 15 %, tous ceux qui étaient en CDD, en intérim ou autoentrepreneurs se sont retrouvés du jour au lendemain au chômage. Pour bien des travailleurs, payer les loyers est devenu impossible depuis deux ou trois mois. Mais ces impayés risquent de se transformer en une dette, suscitant la peur de se retrouver à la rue dans un avenir proche.

Bien évidemment, il n’y a rien à attendre du côté du gouvernement Macron. Le Maire, le ministre de l’Économie, a demandé en avril aux propriétaires de ne pas percevoir les loyers des petites entreprises sans activité pendant trois mois. Mais on ne peut s’attendre à ce que cette mesure soit étendue aux locataires particuliers. Comme dans les autres domaines dans cette crise, en matière de logement, le gouvernement préférera servir les intérêts des capitalistes et des propriétaires. C’est un choix de classe !

Face à cette catastrophe annoncée pour les classes populaires, la première mesure à prendre serait l’annulation pure et simple des loyers pendant la durée de la crise. C’est d’ailleurs une revendication défendue par des centaines de collectifs de locataires et d’associations. Ainsi, l’antenne toulousaine du DAL (Droit au logement) propose aux locataires de revendiquer le non-paiement des loyers, pétition à l’appui, une initiative semblable à d’autres lancées en Espagne ou aux États-Unis. Dans ce dernier pays, le plus riche du monde, la crise du coronavirus a plongé 33 millions de personnes dans le chômage en sept semaines. C’est plus de 20 % de la population active. Un fil twitter, #CancelRent (Annulez le loyer), est devenu un signe de ralliement et est en train de se transformer en mouvement en chair et en os, avec des manifestations dans de nombreuses villes.

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