Crise économique : une maladie génétique et incurable13/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2702.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Crise économique : une maladie génétique et incurable

La crise est « un des plus grands chocs économiques de l’histoire », selon le PDG d’Airbus ; « la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale », selon le ministre de l’Économie, qui prévenait début avril qu’elle « sera violente, globale et durable ».

Derrière la dramatisation volontaire d’un grand patron et d’un ministre qui font campagne pour préparer les travailleurs à des sacrifices et des suppressions d’emplois massives, les indicateurs économiques publiés vont tous dans le même sens. Le recul du PIB, qui reflète plus ou moins les richesses créées dans le pays, serait pour l’année 2020 de l’ordre de 8 % pour la France quand il était de 2,6 % en 2009 après la dernière grande crise financière. Cette chute devrait être de 6,3 % pour l’Allemagne.

L’économie n’a pourtant pas subi une guerre mondiale détruisant les capacités de production de dizaines de pays comme dans les années 1940. Elle n’a pas subi un krach boursier brutal comme le Jeudi noir de 1929 qui a déclenché des faillites d’entreprises, puis l’arrêt de pans entiers de la production. Cette économie a été volontairement arrêtée pour faire face à la pandémie. Dans un système économique qui serait vraiment maîtrisé et contrôlé par la société, la production et les échanges devraient pouvoir redémarrer de façon ordonnée après un arrêt volontaire de deux ou trois mois. Les biens et les capitaux accumulés pendant les années de croissance devraient permettre de tenir plusieurs mois sans la production de ce qui n’est pas essentiel à la vie quotidienne.

Mais l’économie capitaliste est tout sauf rationnelle et maîtrisée. Les capitaux sont concentrés entre les mains d’une minorité de capitalistes privés qui possèdent tous les moyens de production, de transport, de distribution. En concurrence entre eux, chacun à la recherche des fournisseurs les moins chers, des coûts de production les plus bas, de la clientèle la plus vaste, ils utilisent la crise pour doubler ou faire disparaître leurs concurrents. Des entreprises comme Amazon sortiront renforcées de la crise quand d’autres, comme Easyjet ou Ryanair risquent de disparaître. Airbus et Boeing se livrent déjà une guerre sans merci, avec la peau des travailleurs, pour dominer le marché de l’aéronautique, quand il pourra reprendre.

Par ailleurs le coronavirus a frappé une économie déjà malade de la finance. Depuis plusieurs années, les économistes attendaient l’étincelle qui allait provoquer un nouveau krach financier et faire chuter les cours boursiers surévalués. Le choc est venu de ce petit virus. Comme toutes les crises, celle-ci va servir de purge. Comme l’écrivait le journal Les Échos : « Le Covid-19 va mettre fin à l’activité des entreprises peu rentables et peu productives ». Il ajoutait « ce sera un massacre pour l’emploi ». Le massacre a déjà commencé.

Ce n’est évidemment pas pour sauver les emplois et le pouvoir d’achat des classes populaires, ni pour aider les petits commerçants ou artisans ruinés, que les États vont intervenir sans limite, mais pour appuyer leur bourgeoisie face à ses concurrents. Les travailleurs paieront, partout dans le monde, par le chômage, l’inflation, l’aggravation de l’exploitation, à moins qu’ils ne s’emparent de la direction de la société.

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