Argentine : des tortionnaires libérés13/05/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/05/2702.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : des tortionnaires libérés

En Argentine aussi s’est posé, du fait de la pandémie, le problème des prisons surpeuplées et un juge de la province de Buenos Aires a relayé une proposition des Nations unies de sortir de prison les prisonniers de plus de 65 ans ayant des pathologies susceptibles de les rendre vulnérables au virus.

Cette proposition a déclenché une double protestation, de l’aile droite de la société opposée à la libération des délinquants, mais aussi à gauche de la part des organisations politiques, syndicales ou de défense des droits de l’homme, car cela pouvait renvoyer chez eux ceux qui ont fait régner la terreur pendant la dictature argentine (1976-1983) ou encore des politiciens corrompus.

Ainsi, un autre juge a décidé de libérer Carlos Capdevilla, tortionnaire surnommé la « sage-femme de l’ESMA ». Cette école de la marine était un des grands centres de détention et de torture de la capitale argentine pendant la dictature. Là, des milliers de personnes ont été torturées puis assassinés.

Capdevilla est surnommé la « sage-femme », parce que l’armée laissait les militantes enceintes accoucher, avant de les assassiner et de répartir les bébés entre familles de militaires, de policiers ou de la bourgeoisie. C’est ce qui a alimenté la lutte des mères des militantes assassinées à la recherche de leurs descendants. Sur quelque 500 enfants ainsi volés, le quart environ a retrouvé sa vraie famille.

De même, dans une autre province, les autorités judiciaires ont renvoyé chez lui un politicien corrompu, Amado Boudou, qui purgeait une peine de prison de presque six ans pour avoir détourné un gros paquet d’actions, et qui fut un temps le symbole du politicien corrompu.

Ces décisions sont d’autant plus choquantes que si tout ce joli monde, qui bénéficie déjà d’un régime de faveur en prison, risque comme tous d’attraper le Covid-19, il ne faut pas non plus oublier qu’en leur temps les tortionnaires n’ont guère laissé de chance à leurs opposants d’échapper à la mort. Alors la place des tortionnaires et politiciens véreux devrait rester la prison !

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