Hôpitaux de Paris (AP-HP) : l’activité ne reflue pas28/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2700.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Paris (AP-HP) : l’activité ne reflue pas

Dans les hôpitaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), un nombre significatif de salles ouvertes pour recevoir les malades Covid-19 se vident, ou même reviennent à leur activité régulière ; des soignantes retournent en consultation, et retrouvent leur planning ordinaire avec leur week-end de repos.

À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, les réanimations sont moins pleines, mais demeurent occupées à près de 90 %. De toute manière, les gens qui en sortent vivants restent souvent longtemps en hospitalisation, et sont des patients lourds pour beaucoup d’entre eux.

Il semble aussi qu’arrive une deuxième vague de patients, atteints dans la sphère familiale, et qui avaient attendu plutôt que d’aller aux urgences. Dans le service des Maladies Infectieuses et Tropicales (MIT), médecins et paramédicaux ont d’ailleurs exprimé leur mécontentement contre la levée du confinement et la reprise des écoles, prévoyant une seconde vague d’infection après le 11 mai.

Pour le moment, comme dans les premiers temps de l’épidémie, il y a parfois abondance de personnel dans les services Covid-19, car les missions des intérimaires courent jusqu’à la fin du mois. Mais chez les soignants, la crainte est grande d’avoir à enchaîner à partir du mois de mai avec les effectifs d’avant, sans les intérimaires. Si jusqu’à maintenant les cadres poussaient les soignants à prendre les RTT, elles commencent à annoncer qu’il n’y en aura plus avant juillet.

Les services ex-Covid-19 se remplissent vite. Des patients atteints d’une pathologie grave peuvent enfin accéder aux soins, par exemple les victimes d’affections neurologiques, ou bien d’AVC qui ont attendu trois jours. De plus, certains chirurgiens sont simplement avides de retrouver leur propre activité, et poussent à des hospitalisations même non urgentes. Clairement, pour eux, il n’est pas question que le personnel souffle.

À l’hôpital Beaujon de Clichy, on observe le même mouvement vers un retour à la normale. Mais les lits de réanimation sont encore largement occupés par des patients porteurs du Covid-19, si bien qu’une réanimation spécialisée en Hépato-digestif est devenue polyvalente. Les soignantes doivent apprendre à gérer de nouveaux patients porteurs d’affections qu’elles n’ont pas l’habitude de prendre en charge. Et elles craignent que cela présage de l’avenir qui les attend dans le nouvel hôpital Nord, où il n’y aura qu’une réanimation polyvalente.

Pour le moment, nombre de soignantes préfèrent rester dans les services Covid-19, parce qu’il y a davantage de personnel qu’ailleurs.

En ce qui concerne la prime aux soignants, sur laquelle le gouvernement a fait l’effet d’annonce qu’on connaît, voilà que la direction de l’AP-HP change son fusil d’épaule et veut la conditionner au « présentéisme ». Elle ne renonce jamais à tenter de diviser le personnel, à opposer ceux qui y auraient droit et ceux qui ne la « mériteraient » pas. Mais les hospitaliers de toutes catégories font tous, et toute l’année, tourner les établissements. Ce qu’ils « méritent », qu’ils soient du public ou du privé, et qu’il leur faudra arracher par leurs luttes, ce sont de meilleurs salaires, une augmentation de 300 euros pour tous et tous les mois, et des moyens massifs pour les hôpitaux.

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