Burkina Faso : l’armée assassine

28 Avril 2020

31 personnes ont été tuées le 9 avril dans le village de Djibo, dans le nord du Burkina Faso. Cette tuerie n’est pas l’œuvre d’un groupe armé djihadiste mais bien de l’armée burkinabé elle-même, rapporte l’organisation Human Rights Watch qui a interrogé les témoins.

Ce matin-là, des militaires du Groupement des forces antiterroristes de Djibo ont débarqué dans cette ville de 20 000 habitants. Ils y ont arrêté des dizaines d’hommes, tous appartenant à la communauté peule, et les ont embarqués de force dans des véhicules militaires.

En début d’après-midi, des rafales d’armes automatiques ont été entendues et lorsque les habitants se sont rendus sur les lieux, ils y ont trouvé les corps de 31 personnes qu’ils avaient vues sous la garde des militaires.

La ville de Djibo est située dans une zone où les attaques des djihadistes se multiplient, visant la population mais aussi les militaires. À défaut de pouvoir se défendre, sans même parler de protéger la population, l’armée burkinabée multiplie les représailles sanglantes contre les Peuls, accusés en bloc d’être complices des djihadistes. On estime que plusieurs centaines de personnes auraient déjà été tuées ainsi sous couvert d’opérations antiterroristes. De tels massacres commis par les forces de répression ne sont pas l’apanage du Burkina Faso, mais se sont aussi multipliés au Mali voisin. Ils contribuent à aggraver la détresse de la population, dont une grande partie a pris la fuite, mais aussi à fournir aux djihadistes un flux intarissable de nouvelles recrues avides de vengeance.

Ces crimes sont couverts par la présence des militaires français de la force Barkhane, soucieux de ne pas se fâcher avec leurs alliés burkinabé, quelles que puissent être leurs exactions. Ils ne sont pas là pour protéger la population, mais pour défendre les intérêts de l’impérialisme français dans les anciennes colonies africaines.

Daniel MESCLA