Chloroquine : une polémique pour mieux cacher l’essentiel15/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2698.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Chloroquine : une polémique pour mieux cacher l’essentiel

Depuis le début de la pandémie, il n’y a pas un jour sans que les médias parlent de la polémique sur l’utilisation de la chloroquine, ou plus précisément, de ses dérivés comme l’hydroxychloroquine, qui oppose le professeur Raoult et ses partisans à leurs détracteurs.

Raoult se sert de ce médicament ancien, utilisé en général contre les maladies auto-immunes, par exemple le lupus, chez des malades du Covid-19 sans signes cliniques graves. Il le justifie par la situation de « médecine de guerre » et l’absence d’autre traitement. Ses détracteurs récusent cet argument et demandent des preuves scientifiques de l’efficacité et de l’innocuité de la chloroquine.

Au-delà de cette dispute entre scientifiques, voilà qu’on a vu des hommes politiques s’emparer du sujet pour une publicité à bon compte. C’est le cas de Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé de Chirac, lanceur d’une pétition pro-Raoult, « Ne perdons pas de temps », qui a recueilli près de 500 000 signatures depuis le 3 avril. Et Macron lui-même, qui s’est rendu à Marseille sous prétexte de prendre l’avis de Raoult, a fait ce qu’il fallait pour plaire aux soutiens du docteur marseillais.

Cette utilisation polémique d’une controverse médicale est de la basse politique. Ceux qui font mine aujourd’hui de se mobiliser sont les mêmes qui sont responsables de l’impréparation totale du pays.

Macron annonce aujourd’hui des milliards pour les hôpitaux alors qu’il leur applique l’austérité depuis son arrivée au pouvoir, ne faisant d’ailleurs que continuer la politique d’un Douste-Blazy par exemple. Celui-ci, ministre de la Santé de Chirac de 2004 à 2007, avait mis en place la tarification à l’acte (T2A) qui oblige les hôpitaux à rechercher une rentabilité maximale. Il est aussi l’auteur d’un plan d’austérité pour la Sécurité sociale de 15 milliards d’euros.

Même avec des pétitions et des visites « spectacle », un Macron et un Douste-Blazy auront bien du mal à faire oublier que les fossoyeurs du système de santé, ce sont eux !

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