Michelin : profits pneumatiques et déconfinement08/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2697.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Michelin : profits pneumatiques et déconfinement

Florent Menegaux, PDG de Michelin, a exposé au journal Le Monde comment et pourquoi la multinationale du pneumatique comptait reprendre la production dans les sites où elle avait été contrainte de l’interrompre.

En le lisant, on croit comprendre que la production a rapidement repris en Chine, dès le 10 février, et n’a jamais cessé en Thaïlande et en Amérique du Sud, alors qu’elle a été interrompue dans les usines d’Europe et d’Amérique du Nord. La pression des travailleurs et de l’opinion publique doit être pour quelque chose dans cette répartition des fermetures.

Michelin veut maintenant rouvrir progressivement tous ses sites car, dit le PDG, le pneumatique est indispensable, ne serait-ce que pour l’agriculture. Mais l’idée est de reprendre toute la production dès que possible pour fournir les usines automobiles dès qu’elles repartiront. Et, même si le patron de Michelin ne le dit pas, le mieux serait d’être capable de fournir des pneus avant que la concurrence ne le puisse.

Florent Menegaux assure bien entendu que les conditions de sécurité sanitaire seront respectées. Comme dans les usines qui n’ont jamais fermé, sans doute ? Le patron du premier fabricant de pneus au monde l’affirme, on peut recommencer à faire tourner les usines avant que le virus ait disparu. Et d’ajouter : « Le confinement n’est qu’une solution transitoire. Nous le disons au gouvernement. » Pour information seulement, car le grand capital est maître chez lui, les ouvriers sont sommés de venir à la demande, quels que soient les risques, et les pouvoirs publics de bénir les décisions patronales. Le confinement est peut-être cher au gouvernement, mais les intérêts patronaux lui sont plus chers encore.

Michelin est un groupe de taille mondiale, pour ses fournisseurs, ses fabrications, son marché et ses actionnaires. L’entreprise s’organise à cette échelle, répartissant investissements et fabrications autour de la planète, fermant sans sourciller usine sur usine s’il le faut. C’est en fonction de la concurrence mondiale que Michelin veut contraindre les ouvriers à revenir travailler, si possible avant ceux des autres groupes. Pour ses profits il est prêt à les sacrifier et il sait pouvoir compter sur l’appui des pouvoirs publics, particulièrement dans son pays base, la France.

Les travailleurs doivent se défendre là où ils sont et comme ils le peuvent, comme ils l’ont fait en Espagne, en France et certainement sous d’autres cieux en refusant les risques d’infection. Mais il serait stupide, et sans espoir, de prêcher la vertu aux dirigeants et actionnaires de Michelin, comme il serait sans espoir, et même réactionnaire, de prôner on ne sait quelle relocalisation du groupe.

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