Hôpitaux de Paris : le bord du “plateau” n’est pas en vue !08/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2697.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Hôpitaux de Paris : le bord du “plateau” n’est pas en vue !

On a beaucoup parlé dans les médias du « plateau » qu’aurait atteint l’épidémie de Covid-19. Mais pour le personnel de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le plateau, c’est la continuation des conditions de travail difficiles et du manque de matériel.

L’effectif minimum pour s’occuper des malades du Covid-19, ailleurs que dans les réanimations, est d’une infirmière et d’une aide-soignante pour six patients. Mais il est loin d’être atteint de jour et de nuit.

Les soignantes déplacées des services de consultation ou d’hospitalisation classique pour renforcer les réanimations sont précieuses. En même temps elles découvrent combien ce travail est difficile et se fait au prix de l’épuisement des soignants insuffisamment préparés et formés.

Soi-disant pour « faciliter la vie des professionnels mobilisés », une plate-forme baptisée Hopi soins a été créée pour le transport, le logement, la garde d’enfants, l’alimentation, un hébergement temporaire ou un taxi. Mais les procédures sont si compliquées et restrictives que le procédé est peu utilisé. Pour trouver des noms clinquants, l’AP-HP est très douée, pour le reste…

Le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch donne d’ailleurs le ton. Il fait le tour des hôpitaux. Au milieu des soignants obligés parfois de bricoler des tenues, faute de surblouses et de masques, il se déplace en civil, accompagné de tout un groupe de sous-fifres. Et cela, dans des services où les visites sont quasi interdites depuis plus de quinze jours ! Des soignantes lui ont expliqué qu’elles ne mangent pas durant leur journée de travail, pour économiser leurs masques FFP2. Il a eu l’inconscience de leur proposer de les enlever, et de les remettre ensuite. Il lui a fallu deux semaines de crise sanitaire pour découvrir devant leur réaction qu’un masque ne peut servir deux fois.

C’est le même qui s’alarmait de voir « trop de monde dans les rues » à Paris !

Le matériel élémentaire continue à manquer. Certaines directions prévoient qu’il n’y aura plus de surblouses bientôt et envisagent d’en faire coudre à partir d’un don de voile par les magasins Truffaut. Au Samu, certains soignants portent des masques qui viennent d’AXA. Sans compter les tenues « de carnaval », improvisées avec tout ce qui peut protéger lors des soins.

Dans certains hôpitaux, pour nettoyer la chambre des malades, il faut recourir au papier toilette lorsqu’il y a plus de lingettes. Dans la chambre des patients malades du Covid-19, le matériel devrait être posé sur des récipients jetables, sauf qu’il n’y en a plus.

Face à l’épidémie, les équipes de ménage des entreprises privées sont également en première ligne et leur travail est essentiel pour assurer l’hygiène dans l’hôpital.

En temps normal, les patrons de ces entreprises imposent aux travailleurs des charges de travail difficiles, voire impossibles à tenir, avec la complicité de l’AP-HP, qui est le donneur d’ordres de ces sociétés. Avec la crise sanitaire, il y a encore plus de travail et toujours pas d’embauche. Pourtant, il faut des renforts, au ménage comme ailleurs.

Les ruptures d’approvisionnement de médicaments indispensables, comme l’hypnovel pour sédater les patients, ne cessent de choquer. Les explications officielles, comme « tout le monde en demande en même temps » ou « c’est à cause de la Chine », masquent l’essentiel : la recherche de bénéfices record de la part de l’industrie pharmaceutique.

Ces entreprises font produire les molécules de base uniquement en Chine et en Inde pour s’affranchir de règles environnementales et salariales trop contraignantes. De plus, elles ne font pas de stocks et au moindre problème toute la chaine est bloquée. Alors les réquisitionner sans rachat ni indemnités serait dès aujourd’hui une œuvre de salut public. Après l’épidémie, il ne faudra rien oublier, et faire payer tous ces gens-là !

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