Dans les entreprises

FedEx – Roissy : les travailleurs en danger

Le hub européen de FedEx, géant mondial du transport de paquets qui a ses propres avions, se trouve à Roissy en France, sur la zone aéroportuaire. Cette entreprise n’a jamais arrêté son activité, arguant qu’elle achemine des médicaments.

Bien entendu, FedEx transporte aussi et surtout énormément d’autres paquets, qui eux n’ont pas de caractère essentiel. Le site de Roissy compte autour de 3 000 travailleurs, dont 2 500 embauchés par Fedex et 500 prestataires.

Pour entrer sur le site chaque travailleur doit faire une reconnaissance digitale : tous posent leur doigt sur le même appareil, ce qui semble un excellent moyen de transmettre le coronavirus ! Sous la pression, la direction a fini par mettre en place deux flacons de solution hydro- alcoolique, mais pas de masques alors que des centaines de travailleurs font la queue plusieurs fois par jour dans le hall d’entrée, avec des agents de sécurité encore plus exposés puisqu’ils y restent bien plus longtemps. Des bruits ont vite couru sur des cas d’infection avérés, il y a eu des malaises sur place, même un cadre est malade.

Mercredi 18 mars, un débrayage de protestation avait mobilisé des dizaines de travailleurs sur les différentes équipes, mais ils restaient minoritaires. Par contre un certain nombre de travailleurs se sont mis en arrêt maladie. Les chefs s’arrachent les cheveux depuis des semaines pour réorganiser l’activité, avec des travailleurs qui se sentent piégés entre la peur de perdre leur travail et celle d’être contaminés. Le nombre d’intérimaires a été doublé pour pallier les absences. Comme d’autres, la direction a proposé une prime de 1 000 euros, mais certains travailleurs, révoltés, rétorquaient qu’un cercueil vaut plus cher.

Le 26 mars, l’inquiétude et la rage ont encore augmenté lorsque les travailleurs du site ont reçu un message de la direction annonçant la mort, deux jours plus tôt, d’un intérimaire de Manpower, infecté par le coronavirus, à l’issue de sa mission d’une semaine. Les syndicats de l’entreprise alertaient la direction puis l’inspection du travail depuis plusieurs semaines. La CGT de Manpower a alors déclenché samedi 28 une procédure de danger grave et imminent, suivie par celle de cinq autres entreprises d’intérim.

Les sociétés d’intérim se sont engagées depuis lundi 30 à ne plus envoyer de salariés sur place. Mais le travail a continué sur le site, malgré la mise en demeure de prendre les mesures sanitaires nécessaires faite par l’inspection du travail. Loin de prendre ces mesures et de fournir aux travailleurs le matériel sanitaire adéquat la direction de FedEx a déposé un recours suspensif contre la mise en demeure !

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