Épidémie : les patrons licencient à tout va08/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/P5_Peur_du_chomage_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

La société en crise

Épidémie : les patrons licencient à tout va

Devant l’arrêt brutal de pans entiers de l’économie, le gouvernement a demandé aux entreprises de ne pas licencier. Le 1er avril, sans rire, le chef de l’État tweetait à l’intention des salariés : « L’État vous protège ». Mais dans la réalité, la vague de licenciements prend, pour des millions de travailleurs, un caractère catastrophique.

Illustration - les patrons licencient à tout va

Beaucoup ont vu leur contrat de travail brutalement interrompu. Des centaines de milliers de salariés vivant de petits jobs de quelques heures dans la restauration ou chez des particuliers, ont vu leur source de revenu disparaître du jour au lendemain.

Dans tous les secteurs, les patrons mettent fin aux contrats à durée déterminée (CDD). Devant déjà jongler toute l’année entre contrats courts et périodes de chômage, les saisonniers ont plongé du jour au lendemain dans l’inconnu. Dans les stations de ski, ils n’ont eu que quelques heures pour faire leurs bagages. De nombreux patrons ont profité de la panique pour faire accepter des ruptures conventionnelles. La saison d’hiver écourtée, celle des vacances de Pâques supprimée, celle de l’été incertaine, les saisonniers voient leurs droits au chômage sévèrement compromis.

La ministre du Travail a bien accepté le report de la modification du calcul du montant des allocations chômage prévue au 1er avril. Mais la réforme mise en place le 1er novembre dernier, qui augmente le nombre de mois travaillés exigés sur une période réduite pour pouvoir toucher une allocation, met le couteau sous la gorge à tous les travailleurs précaires.

Pour les salariés en contrat d’intérim, qui sont l’équivalent de 750 000 emplois à temps plein, la perte de revenu a été immédiate. Plus d’un demi-million d’intérimaires auraient vu leur mission interrompue. Depuis, leur téléphone ne sonne plus.

Le gouvernement a annoncé que si le contrat avait été rompu en raison de la crise sanitaire, les intérimaires pourraient toucher le chômage partiel. Mais malgré les promesses, cela reste encore pour l’instant soumis à la demande de l’employeur. Et rien n’est prévu pour tous ceux dont les contrats se sont terminés juste avant le confinement. Quelles indemnités, s’ils y ont droit, vont toucher des salariés qui, pour 85 % d’entre eux, vivent de contrats n’excédant pas plus d’une semaine ? Une misère et encore pendant peu de temps.

Alors que toute la société affronte l’épidémie, le patronat ne pense qu’à limiter ses pertes en plongeant une fraction croissante des travailleurs dans la misère. Le gouvernement est là pour couvrir ses basses œuvres.

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