Dans le monde

En Californie, le matériel médical dilapidé

Alors que l’État de Californie est, après New York, particulièrement frappé par l’épidémie de Covid-19 et alors qu’il possédait des hôpitaux mobiles et des stocks médicaux en tout genre, on apprend qu’une bonne partie de ce matériel a été liquidée en 2011.

Dans cette région à forte activité sismique, quand on pense catastrophe sanitaire, on pense avant tout aux futurs tremblements de terre, et surtout au « big one », qui aurait une telle puissance qu’il endommagerait toutes les infrastructures, telles que réseaux d’électricité, d’eau, et de gaz, routes, chemins de fer, hôpitaux ; il faudrait alors faire face à un afflux de blessés graves dû aux effondrements de bâtiments, aux incendies, et un peu plus tard au développement d’épidémies suite à une situation de forte insalubrité. Sans compter les grands incendies comme ceux qui se sont développés ces derniers mois et qui peuvent aussi être à l’origine de crises sanitaires.

Après la catastrophe de la Nouvelle Orléans avec l’ouragan Katrina en 2005, de l’autre côté des États-Unis, l’incapacité des autorités sanitaires à faire face avait été mise en lumière. L’État de Californie avait décidé d’investir plusieurs centaines de millions de dollars dans de l’équipement médical d’urgence.

L’État fit alors l’acquisition de trois hôpitaux mobiles, tout équipés et autonomes, de 200 lits chacun, capables d’être déployés n’importe où en 72 heures. Chaque hôpital, de la taille d’un terrain de football, possédait tout l’équipement, du bloc opératoire, jusqu’au secteur de réanimation. L’État investissait également dans la constitution d’un stock de 50 millions de masques, 2 400 respirateurs autonomes, et 21 000 lits équipés permettant de transformer des salles publiques en hôpitaux.

Mais la crise de 2008 étant passée par là et le budget de l’État virant au rouge, en particulier du fait des aides aux entreprises accordées sans compter, des coupes claires furent appliquées, et tout ce matériel passa à la trappe. En 2011, pour faire face à un déficit de 26 milliards de dollars, l’État économisa 6 malheureux millions en supprimant son entretien et sa maintenance. Il distribua ce matériel ici ou là, notamment à des hôpitaux privés, au prétexte qu’il serait dans de meilleures mains… mais il a, en fait, en grande partie disparu.

Aujourd’hui, on peut faire les comptes. Par exemple, l’État doit payer plus de 3 millions de dollars par mois pour la location et l’équipement d’un centre de soins de 177 lits. Pour un petit mois, il y a là la moitié du montant annuel de l’entretien de tout l’équipement qui a été dilapidé en 2011. Tout ce matériel manque cruellement ces jours-ci.

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