Chômage partiel : les patrons arrosés, les travailleurs trinquent08/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2697.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Chômage partiel : les patrons arrosés, les travailleurs trinquent

Dès le 13 mars, avant même le début du confinement, le gouvernement annonçait une série de mesures en expliquant que « la protection des entreprises et des salariés est nécessaire afin déviter que la casse économique se transforme en casse sociale ». Mais si les entreprises sont sûres de recevoir les cadeaux promis par l’État, il n’en est pas de même pour les travailleurs qui font déjà les frais de cette crise.

Le gouvernement a additionné les milliards pour les entreprises : 45 pour les soutenir, 300 pour garantir les prêts, encore un pour un fonds en direction des petites entreprises, sans parler des reports, voire des annulations des cotisations sociales. Et quand Bruno Le Maire affirmait que « l’État prendra en charge les salariés contraints de rester chez eux », cela ne signifiait pas que ceux-ci toucheraient l’intégralité de leur salaire… mais que les entreprises seraient indemnisées entièrement de ce chômage partiel, quelle que soit la taille de l’entreprise, ce qui n’était pas le cas avant, où les plus petites étaient avantagées.

Pour les travailleurs, c’est bien le temps des soustractions, malgré le mensonge de Le Maire promettant qu’« aucun salarié ne perdra un centime ». Les 5,8 millions qui sont mis actuellement en chômage partiel, totalement ou pour une partie des jours de la semaine, ne toucheront que 84 % de leur salaire pour chaque heure non travaillée. Seuls ceux qui sont au smic auront les 100 % assurés (mais il faut rappeler que pour eux, les entreprises ne payent déjà aucune cotisation sociale). Pour un salaire net de 1 500 euros, ceux qui sont en chômage partiel complet perdent donc au minimum 240 euros. Ce trou dans le budget sera dramatique pour bien des familles.

Mais certains travailleurs perdent encore plus. En effet, une partie des primes habituelles ne sont pas prises en compte dans le calcul de l’indemnité de chômage partiel, ce qui peut représenter encore des centaines d’euros en moins à la fin du mois.

Les entreprises ont eu des facilités pour demander des mesures de chômage partiel et s’en servent avec gourmandise. La presse se remplit des abus qui éclatent déjà. Certaines entreprises forcent leurs employés à travailler quand même, malgré l’utilisation du chômage partiel. D’autres distribuent les jours de chômage partiel sans aucune explication. Les salariés se retrouvent donc à travailler un jour sur deux, un jour sur trois. Cela permet de faire pression pour imposer que le travail soit fait sur un temps réduit.

Les travailleurs voient ainsi leurs salaires réduits pour une période indéfinie car ces mesures de chômage partiel peuvent durer six mois. Plus généralement, les patrons profitent de la situation pour imposer aux travailleurs des conditions aggravées, en utilisant aussi la menace des licenciements, alors que ces mesures de chômage partiel sont censées les empêcher. Les patrons se cachent à peine derrière l’épidémie pour mener la guerre de classe. Le seul vaccin à la disposition des travailleurs est de se préparer à se défendre collectivement.

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