Suisse : mesures sanitaires en attente, mesures antiouvrières à gogo01/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2696.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Suisse : mesures sanitaires en attente, mesures antiouvrières à gogo

« Un couteau planté dans le dos des soignants », tel est le titre d’un article du quotidien 20 Minutes paru lundi 23 mars, témoignant de la méfiance grandissante de la population en Suisse, vis-à-vis de la politique du gouvernement du pays en cette période de crise sanitaire.

Au cœur de cette méfiance se trouve l’hypocrisie du Conseil fédéral et des gouvernements cantonaux, qui en même temps qu’ils appellent la population à rester chez elle, obligent une large partie des travailleurs à continuer de travailler. De façon générale, les autorités refusent de mettre en place un confinement total et des dépistages systématiques. Pour l’heure, elles ont rétabli des contrôles d’identité aux frontières, interdit les rassemblements de plus de cinq personnes, fermé les bars, les boîtes de nuit et les espaces culturels ainsi que la plupart des services publics comme les écoles et universités. Mais elles s’opposent à la fermeture des entreprises non-indispensables, comme les chantiers, mettant ainsi en danger des milliers de travailleurs.

La stratégie est claire : il s’agit de maintenir en activité au maximum l’appareil productif, en l’arrosant au passage de milliards de francs d’aides, notamment pour financer le chômage partiel sans qu’il en coûte trop au patronat. Aucune mesure n’a été prise pour compenser le manque à gagner des travailleurs, comme par exemple un moratoire sur les loyers.

À cette hypocrisie fondamentale s’ajoutent les attaques contre les conditions de travail de celles et ceux restés « au front », comme le personnel de la vente et le personnel soignant. Les premiers ont vu leurs heures de travail augmenter, certains cantons, comme Vaud et Fribourg ayant décidé que la grande distribution pouvait ouvrir jusqu’à 20 heures, alors que selon les cantons, les heures d’ouverture étaient jusque-là limitées jusqu’à 17 ou 18 heures, rarement 19 heures. Les seconds, alors même que les congés leur ont été interdits, qu’ils manquent de matériel, notamment de masques, ont vu leurs protections légales suspendues : c’en est terminé des 50 heures hebdomadaires ordinaires, et 60 heures extraordinaires maximales, avec les temps de pause et de récupération qui vont avec. Cette décision a provoqué un choc, autant auprès des soignants directement touchés, qu’auprès de l’ensemble de la population, qui se mobilise chaque soir aux fenêtres et balcons pour applaudir les travailleurs au front.

Les travailleurs ne se laissent d’ailleurs pas faire. À Genève, les employés de l’aéroport ont déposé un préavis de grève pour contraindre la direction à prendre des mesures de protection et les ont obtenues. Dans l’un des chantiers de l’aéroport, des ouvriers se sont même mis en grève sauvage pour exiger la fermeture du chantier. Les employés de la Migros, l’un des gros groupes de la grande distribution suisse, ont de leur côté protesté contre le manque de protections. Dans le canton de Vaud, des militants syndicaux, sur demande des employés, ont bloqué l’un des plus importants sites de McDonald’s, où les petites mains qui confectionnent les burgers étaient entassées en cuisine sans respect des normes sanitaires, poussant la chaîne, dès le lendemain, à fermer tous ses restaurants, services de livraison compris.

Ces premières actions des travailleurs sont un encouragement à résister aux coups portés par le patronat et l’État à son service.

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