Hôpitaux : discours des ministres et réalité01/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/P7_Hospitaliers_de_Lezignan_en_colere_taille_6x7_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C101%2C800%2C551_crop_detail.jpg

La société en crise

Hôpitaux : discours des ministres et réalité

Un grand nombre de patients atteints du Covid-19 nécessitent une prise en charge en réanimation sous respirateur artificiel. En Italie, comme dans l’Est de la France, les médecins ont dû choisir les patients qui pouvaient y accéder et ainsi laisser mourir, faute de moyens, certains malades. C’est ce qui risque de se produire ces jours-ci en Île-de-France.

Illustration - discours des ministres et réalité

Cette carence est le résultat direct de la politique d’austérité dans les hôpitaux. Il y a actuellement en France trois lits de réanimation pour 20 000 habitants contre six en Allemagne. Édouard Philippe et Olivier Véran, dans leur conférence de samedi 28 mars, ont prétendu que, en partant des 5 000 lits qui existaient avant l’épidémie, les hôpitaux disposeraient maintenant de 10 000 lits, et ont fixé un objectif de 14 500 pour avril.

Il est facile de jongler ainsi avec les chiffres. En réalité, les lits qui sont créés ces jours-ci grâce à l’énergie et au travail des soignants ne sont pas au même niveau d’équipement, et en aucun cas on n’atteindra de tels chiffres. De plus, au début de la crise, les réanimations étaient déjà pleines, comme elles le sont quasiment en permanence. Les conditions de prise en charge des patients atteints par le Covid- 19 sont particulièrement difficiles car il faut que le personnel se protège, ce qui demande du matériel, du temps et de l’expérience. Pour ouvrir des lits, on doit recourir à des volontaires paramédicaux des autres services ou à des étudiants en médecine. Ce n’est pas en quelques jours qu’ils peuvent apprendre à gérer de telles situations.

Ainsi, dimanche 29 mars, à l’hôpital Raymond-Poincaré dans les Hauts-de-Seine, la réanimation a interrompu toutes les admissions de patients faute de personnel suffisant pour travailler en sécurité. Bien des cliniques ou des hôpitaux, qui n’ont pas de service de réanimation, tentent d’en ouvrir avec le personnel travaillant habituellement en anesthésie. C’est un pis-aller qui ne serait pas accepté par les autorités en temps normal mais qui gonfle bien les annonces des ministres.

Tout se fait dans la précipitation, alors que les mesures prises aujourd’hui auraient dû être prises il y a au moins deux mois. Le personnel soignant essaye de faire au mieux avec ce qu’il a.

Quant aux gouvernants, ils voudraient faire oublier par leurs discours leur incompétence depuis le début de la crise et leur responsabilité passée dans la dégradation du système de santé.

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