Famar – Saint-Genis-Laval : la production de médicaments, une priorité ?01/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2696.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Famar – Saint-Genis-Laval : la production de médicaments, une priorité ?

Le 24 mars, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, déclarait au journal Le Progrès qu’il n’est pas question de laisser tomber l’entreprise Famar Lyon, seul fabriquant habilité à produire la Nivaquine des laboratoires Sanofi sur le marché français.

Évidemment le projet de fermeture de l’usine de Saint-Genis-Laval, près de Lyon, fait désordre, d’autant plus que la Nivaquine est fabriquée à partir de la chloroquine sulfate dont on parle beaucoup en ce moment. L’usine produit aussi l’azithromycine, qui est un antibiotique associé aux traitements expérimentaux contre le coronavirus.

L’usine Famar Lyon fabrique un grand nombre d’autres médicaments, mais elle est en redressement judiciaire depuis juin 2019, et les tribunaux devaient statuer sur la suite de la procédure judiciaire le 17 mars. Coronavirus oblige, la décision a été reportée. Le groupe Famar, façonnier pour les grands groupes pharmaceutiques comme Sanofi, Merck, Astellas, Mylan..., possédait douze usines en Europe et a été vendu à la découpe entre fin 2019 et le premier trimestre 2020. Seule l’usine de Saint-Genis-Laval est en passe de liquidation.

Hier encore, les plus de 250 travailleurs avaient pour seule perspective d’aller pointer au chômage à partir de cet été. Les grands groupes pharmaceutiques veulent transférer leurs productions ailleurs. Cela ne les empêchait pas provisoirement de faire tourner les chaînes de production à plein régime pour faire des stocks en prévision des transferts d’activités.

Mais avec la pandémie, les dirigeants politiques font mine de s’apercevoir qu’il y a de graves pénuries de médicaments et que ceux-ci sont fabriqués dans des pays lointains.

Évidemment cette pénurie a été dénoncée depuis des mois par les médecins, pharmaciens et malades, mais les grands groupes donneurs d’ordres n’en avaient rien à faire. Pour eux, ces productions n’étaient pas assez rentables. Les militants syndicaux et les travailleurs de Saint-Genis-Laval eux aussi dénonçaient l’absurdité de fermer une industrie utile à la santé des populations, luttant aussi bien sûr pour la défense de leurs emplois.

Le revirement de Le Maire, en paroles tout au moins, montre le cynisme de tels dirigeants respectueux des intérêts des grands groupes pharmaceutiques. Il faut que se produise une épidémie catastrophique pour qu’ils se préoccupent de l’avenir d’une usine et de travailleurs qui sont ô combien indispensables à la santé de la population.

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